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TUNISIE - 15 juillet 2007 - par SONIA MABROUK
La forte demande en poissons oblige la filière à accroître ses
prises, tout en veillant à la bonne gestion des ressources.
Deuxième source de devises du pays, juste derrière la culture des
oliviers, le secteur de la pêche joue un rôle de plus en plus
important dans l’économie. Durant les cinq dernières années, la
valeur des exportations des produits halieutiques est ainsi passée de
121,7 millions de dirhams tunisiens (70,2 millions d’euros) en 2000 à
234 millions en 2006. Et la tendance semble se confirmer pour 2007.
Au cours du premier trimestre, les exportations du secteur ont
enregistré une croissance de 20 % par rapport à la même période de
l’année 2006.
Au regard de ces chiffres - la pêche contribue à hauteur de 18 % aux
exportations de produits agroalimentaires -, les autorités souhaitent
développer l’industrialisation du secteur tout en maîtrisant la
gestion des richesses halieutiques. Car la Tunisie n’est pas à l’abri
d’un éventuel épuisement de ses ressources. Sous la pression de la
demande des pays de l’Union européenne (UE), la production ne cesse
d’augmenter : quelque 111 000 tonnes de poissons, dont 55 000 tonnes
de « poissons bleus » (sardines, harengs, etc.), ont été pêchées en
2006, contre 108 000 tonnes en 2005. La raréfaction des espèces
concerne principalement les poissons dits nobles (loups, daurades,
rougets, pageots, etc.) particulièrement touchés par le chalutage en
faible profondeur. Aussi les autorités ont-elles décidé de prendre
les devants : une stratégie nationale de protection et de
régénération des zones de pêche menacées vient d’être adoptée. Et une
étude globale prospective sur l’évolution du secteur a été lancée.
Concernant la pêche au thon, des mesures ont d’ores et déjà été
prises. La quantité exploitable sera limitée à 29 500 tonnes en 2007
avant d’être ramenée à 25 500 tonnes ces cinq prochaines années.
Certains modes de pêche, tel celui de la madrague (vaste filet
traditionnellement utilisé en Méditerranée pour la prise des bancs
entiers de poissons lors de leurs migrations le long des côtes), font
par ailleurs l’objet de contrôles très stricts. Les activités des
cinquante thoniers recensés dans le pays sont particulièrement
surveillées : entre 4 000 et 4 500 tonnes de thon sont pêchées chaque
année - dont environ 2 500 tonnes de thon rouge. Pour ce qui est de
la qualité, le pays a également investi dans l’engraissement du thon
permettant d’augmenter, à hauteur de 20 % à 30 %, sa teneur en lipides.
Mais il n’y a pas que la pêche en mer dans la vie. Aquaculture et
pisciculture d’eau douce intéressent également les autorités. Bien
qu’encore marginales - l’aquaculture représente aujourd’hui seulement
3 % de la production totale -, ces activités tendent à se multiplier
et devraient devenir, à terme, une source de revenus alternative.
Spécialisé dans la reproduction, l’élevage et la commercialisation
des poissons frais, le centre aquacole de Chott Meriem, au nord-ouest
de Sousse, est la première station du genre en Tunisie. Le loup et la
daurade qui y sont élevés bénéficient de « soins » particuliers :
l’eau de leur bassin est régulièrement renouvelée afin de reproduire
au mieux les conditions naturelles. La majeure partie de la
production est ensuite expédiée vers les marchés européens (Italie,
France et Allemagne) et américains (Canada et États-Unis). Et 30 % de
la production annuelle peuvent être commercialisés localement. Mais
des établissements comme celui de Chott Meriem sont encore peu
nombreux sur le territoire tunisien. Pour encourager la création
d’autres centres aquacoles, l’État a décidé de prendre en charge 40 %
du coût des études techniques relatives à ce genre de projets (avec
un plafond de 40 000 DT). Reste à présent à faire évoluer les
mentalités.
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