I- Introduction
Les tilapias, originaire d´Afrique et de la Jordanie, constituant des groupes d’espèces
les plus importants dans la pisciculture à l´échelle mondiale. Ils ont une grande capacité
d´adaptation aux conditions de température qui existent un peu partout dans le monde.
Aujourd´hui, les tilapias sont élevés dans plus de 200 pays à travers le monde. Leur
croissance rapide, leur fécondité élevée et leur résistance aux eaux de qualité pauvre,
font d’eux des espèces de choix pour la pisciculture. En 2015, la production mondiale de
tilapias issus de l'aquaculture et des captures s'élevait à 6,4 millions de tonnes
et valait environ 9,8 milliards de dollars américains, tandis que le commerce mondial de
tilapias représentait environ 1,8 milliard de dollars. Ce poisson est un pilier de la
sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde entier (FAO, 2017).
Haïti compte près de 20 000 ha de plans d’eau naturels et artificiels et près de 800 ha de
plans d’eau temporaires qui se remplissent à la saison des pluies. Les tilapias (Tilapia
nilotica et aurea) sont présents dans tous ces plans d’eaux, ils sont bien adaptés pour la
vulgarisation en pisciculture haïtienne. De nombreuses pathologies affectant les élevages
aquacoles, ont été recensées en Haïti. La plupart d’entre elles présentent un intérêt
majeur pour la production et sur le plan sanitaire, en raison soit des menaces de
régression, voire extinction, qu’elles font peser sur la population piscicole, soit des
risques liées à la consommation de poissons, soit en fin, de leur représentativité
vis-à-vis de la qualité du milieu aquatique.
Un virus hautement contagieux se propage chez les tilapias sauvages et ceux d'élevage.
Selon une alerte spéciale publiée par le Système mondial d'information et d'alerte
rapide de la FAO, l'épidémie devra être appréhendée avec soin et les pays importateurs
de tilapias devront prendre des mesures appropriées pour la gestion des risques tels que
la multiplication des tests de diagnostics, le renforcement des certificats de santé,
l'instauration de mesures de quarantaine et le développement de plans d'urgence.
Le virus de lac du tilapia (TiLV) a maintenant été confirmé dans cinq pays sur trois
continents: la Colombie, l'Equateur, l'Egypte, Israël et la Thaïlande. L'agent
pathogène ne pose pas de risques pour la santé publique, cependant, il peut néanmoins
décimer les populations infectées. Lorsqu'il s'agira de commercialiser des
tilapias, les pays producteurs devront être prudents et suivre le Code sanitaire pour les
animaux aquatiques, établi par l'Organisation de la santé animale (OIE). Ils devront
lancer un programme de surveillance efficace afin de déterminer la présence ou
l'absence du TiLV, l'étendue géographique de l'infection et identifier les
facteurs de risque qui pourraient le favoriser. Les pays sont également encouragés à
lancer des campagnes d'information du public visant à conseiller les aquaculteurs
(dont beaucoup sont des petits exploitants) sur les signes cliniques du TiLV, mais
également sur les risques économiques et sociaux que pose ce virus et la nécessité aux
pisciculteurs de reporter les cas de mortalité massive aux autorités compétentes. On ne
sait pas encore si la maladie est transmise par le tilapia congelé. La FAO continuera de
surveiller le TiLV, de travailler en collaboration avec les gouvernements et les
partenaires de développement et de rechercher les ressources à même d'être exploitées
afin d'aider les Etats membres de la FAO à faire face au TiLV, lorsqu'ils en
feront la demande ou lorsque cela sera nécessaire.
II- Information sur l’agent pathogène
Virus du Tilapias Lacustre (TiLV)- Un nouveau Virus proche des orthomyxovirus, selon
l’organisation Mondiale de la Santé Animale OIE). On en sait très peu sur le TiLV. Il est
donc nécessaire de mener davantage de recherches pour déterminer si des espèces non
tilapiennes et d'autres organismes, tels que les oiseaux et les mammifères piscivores,
sont à l'origine du TiLV et s’il peut être transmis par le biais des tilapias
congelés. La maladie a un taux de mortalité très variable, avec des épidémies provoquant
jusqu'à 90 pour cent de décès dans les stocks de tilapias.
Les poissons infectés présentent souvent des signes de manque d'appétit, font des
mouvements lents, ont des lésions cutanées et des ulcères, des anomalies oculaires et une
opacité de l'œil. Le TiLV appartient à la famille des virus Orthomyxoviridae, qui
s'apparente également à la famille du virus de l'Anémie infectieuse du saumon et
qui fait des ravages dans l'industrie de l'élevage de saumons.
1- Agent causal
1.1. Type d’argent pathogène
Virus
1.2. Nom de la maladie et synonyme
Maladie virale du tilapia lacustre (TiLV)
1.3. Noms vernaculaire de l’argent pathogène et synonyme
Virus du tilapia lacustre
1.4. Affiliation taxonomique
Bien que son affiliation taxonomique n’ait pas été déterminée avec certitude, le TiLV a
été décrit comme un nouveau virus appartenant à la famille des Orthomyxoviridae (Eyngor et
al. 2014).
1.5. Autorité (première description scientifique, référence)
Le virus a été décrit pour la première fois par Eyngor et al. (2014).
1.6. Environnement de l’agent pathogène
Eau douce eau saumâtre et mer.
2. Mode de transmission
2.1. Modes de transmission (horizontale, verticale, indirecte)
Des études de cohabitation entre animaux sains et malades ont démontré que la transmission
horizontale directe était un mode important de transmission. Il n’y a aucune preuve d’une
transmission verticale. Les caractéristiques biophysiques du virus n’étant pas encore
suffisamment connues, il est difficile de déterminer l’importance de la transmission
indirecte par les matériels contaminés.
2.2. Réservoir
Les seuls réservoirs établis de l’infection sont les populations de poissons, qu’ils
soient d’élevages ou sauvages. La source originelle du TiLV n’est pas connue.
2.3 Les facteurs de risque (température, salinité, etc.)
La maladie a été observée suite aux transferts d’animaux entre bassins et, par conséquent,
pourrait être associée au stress (Ferguson et al., 2014 et Dong et al., 2017). Aucun autre
facteur de risque potentiel (température, salinité, etc.) n’a pu être identifié.
3. Espèces hôtes
3.1. Espèces sensibles
Les mortalités attribuées au TiLV ont été observées chez le tilapia sauvage Sarotherodon
(Tilapia) galilaeus, le tilapia d’élevage Oreochromis niloticus et l’hybride commercial de
tilapia (issu du croisement Oreochromis niloticus X Oreochromis aureus) (Bacharach et al.,
2016; Ferguson et al., 2014, Eyngor et al., 2014). À ce jour, seuls les tilapias se sont
montrés sensibles à la maladie. Il est toutefois possible que d’autres espèces le soient
également.
3.2. Stades de développement de l’hôte affectés par la maladie
Dans les foyers décrits par Ferguson et al. (2014) et Dong et al., 2017, la maladie a
surtout été observée chez les alevins. Dong et al. ont rapporté une mortalité
approximative de 90 % chez les alevins de tilapia rouges dans le mois ayant suivi le
stockage en cages. Fathi et al. (2017) ont observé une mortalité légèrement supérieure à 9
% chez les tilapias du Nil de taille moyenne à grande (2017). Les autres publications sur
la maladie ne comportent aucune description des différents niveaux de mortalité observés
pour chacun des stades de développement des poissons (Eyngor et al., 2014).
3.3. Commentaires additionnels
Il y a des éléments indiquant que certaines souches de tilapia sont résistantes. Ferguson
et al. (2014) ont noté qu’une souche de tilapia (sexe génétique des tilapias : mâle) avait
subi des niveaux de mortalité significativement plus bas (10 - 20 % de mortalité) que ceux
observés chez d’autres souches.
4. Distribution Géographique
La présence du TiLV a été signalée en Colombie, en Équateur, en Israël (Bacharach et al.,
2016 ; Ferguson et al., 2014 ; Tsofack et al., 2016) et, plus récemment, en Égypte (Fathi
et al., 2017) et en Thaïlande (Dong et al., 2017). Toutefois, en raison d’investigations
peu poussées de l’ensemble des épisodes de mortalités, il est possible que la distribution
géographique du TiLV soit plus large que celle estimée à l’heure actuelle. Par exemple,
des épisodes de mortalités de tilapia signalés au Ghana et en Zambie en 2016 n’ont pas été
attribués au virus mais les informations disponibles n’indiquent pas si la présence du
virus a été recherchée. Un génome partiel originaire de Thaïlande a révélé une variation
relativement élevée par rapport aux souches originaires d’Israël (97 % d’identité
nucléotidique) (Dong et al., 2017).
5. Signes Clinique et Description de cas
5.1. Tissus et organes infectés chez l’hôte
Les yeux, le cerveau et le foie sont les principaux organes affectés par la maladie
(Eyngor et al., 2014).
5.2. Observations et lésions macroscopiques
Les lésions macroscopiques incluent des modifications de l’œil, notamment l’opacité du
cristallin et, dans les cas les plus avancés, la rupture capsulaire du cristallin. Parmi
les autres lésions observées figurent des érosions cutanées, des hémorragies des
leptoméninges et une congestion de la rate (Eyngor et al., 2014).
5.3. Lésions microscopiques et anomalies tissulaires
À l’examen histologique, des lésions ont été observées dans le cerveau, les yeux et le
foie (Eyngor et al., 2014). Les lésions cérébrales incluaient de l’œdème, des hémorragies
focales dans les leptoméninges, une congestion des vaisseaux capillaires présents dans la
substance grise et la substance blanche ainsi qu’une dégénérescence neurale. Des foyers de
gliose et une infiltration lymphocytaire en manchons périvasculaires ont été décrits. Les
lésions oculaires incluaient une rupture capsulaire du cristallin et des modifications
engendrées par la cataracte. Des foyers d’hépatomégalie ont été observés. Une hyperplasie
splénique associée à une prolifération des lymphocytes a été identifiée. En outre, le
nombre et la taille des centres mélanomacrophages (CMM) étaient augmentés dans le foie et
la rate. La présence d’un virus proche des orthomyxovirus dans les hépatocytes anormaux a
été confirmée par microscopie électronique à transmission, corroborant ainsi les
descriptions d’hépatite syncytiale figurant dans les premiers signalements de la maladie
(Del-Pozo et al., 2016).
5.4. Statut de la maladie au regard de la Liste de l’OIE
L’infection par le TiLV est en cours d’évaluation en vue de sa possible inclusion dans la
liste des maladies de l’OIE. Toutefois, à ce jour, cette maladie ne satisfait pas à
l’ensemble des critères d’inclusion dans la Liste de l’OIE figurant au chapitre 1.2. Du
Code sanitaire pour les animaux aquatiques (OIE, édition 2016).
6. Méthodes de diagnostic
6.1. Définition d’un cas suspect
Des niveaux de mortalité élevés chez les espèces de tilapias, associés à la présence
d’atteintes oculaires (opacité du cristallin ou tableau clinique plus sévère) doivent
amener à suspecter un cas d’infection par le TiLV. La présence d’érosions cutanées,
d’hémorragies des leptoméninges et d’une congestion splénique et rénale modérée peut être
observée lors de l’examen post mortem.
6.2. Tests de présomption
Le TiLV peut être mis en culture sur une lignée cellulaire primaire de cerveau de tilapia
ou sur une lignée cellulaire E-11 ; elle y induit un effet cytopathique en cinq à dix
jours (Eyngor et al., 2014). Tsofack et al. (2016) décrivent les conditions optimales
nécessaires à la culture du TiLV.
6.3. Tests de confirmation
Un ensemble d’amorces PCR a été conçu et une méthode de RT-PCR a été développée (Eyngor et
al., 2014). Toutefois, ce test n’a pas encore été totalement validé. Une méthode de RT-PCR
emboîtée, beaucoup plus sensible, a fait l’objet d’une publication et s’avère adaptée pour
la détection du TiLV chez des cas cliniques (Tsofack et al., 2016). Plus récemment, une
méthode de RT-PCR semi-emboîtée présentant une meilleure sensibilité de détection (7,5
copies du génome viral par réaction) par rapport à la méthode RT-PCR emboîtée a fait
l’objet d’une publication (Dong et., 2017).
7. Méthodes de contrôle
La mise en place de restrictions des mouvements de tilapias vivants, provenant d’élevages
ou des pêches, dans les aires où il est reconnu que le virus est présent, limitera la
propagation de la maladie. Des mesures générales de sécurité biologique (par exemple, le
nettoyage et la désinfection) afin de réduire la propagation de la maladie par les
matériels contaminés, tels que l’équipement, les véhicules ou le personnel, doivent
également être mises en œuvre. À ce jour, aucune méthode efficace pour limiter l’impact
d’un foyer de la maladie dans une ferme aquacole n’a été publiée. Il a été suggéré que la
sélection de poissons résistants ou la mise au point d’un vaccin pourrait offrir de
nouvelles perspectives à long terme pour la gestion de la maladie (Ferguson et al., 2014).
Un programme de reproduction devrait permettre de sélectionner et tester un large nombre
de souches de tilapia, pour ne conserver que les plus résistants à la maladie.
8. Risque de transmission
Comme le TiLV a été transmis de façon horizontale lors d’études de cohabitation, il est
probable que la transmission de la maladie se produise lors des mouvements d’animaux
aquatiques vivants. Les informations sur les propriétés biophysiques du TiLV et sur les
risques que présentent les produits issus d’animaux aquatiques sont limités. Cependant, il
peut être supposé que le TiLV possède les caractéristiques des autres orthomyxovirus
aquatiques, tel que le virus de l’anémie infectieuse du saumon. Les données actuelles
suggèrent que les yeux, le cerveau et le foie sont les organes contenant probablement les
concentrations les plus élevées en TiLV. Par conséquent, il est probable que les déchets
animaux solides et liquides soient contaminés. Toutefois, il n’est pas exclu que l’agent
pathogène puisse également être détecté dans la musculature des poissons infectés.
III- Conclusion
Il est à noter que l’existence de l’agent pathogène TiLV chez le poisson tilapia ne
représente pas un danger pour la santé publique. Cependant, le Virus du tilapia lacustre
(TiLV) représente une grâve menace pour la population de tilapias avec des conséquences
sur la sécurité alimentaire dans le monde. D’où l’intérêt pour les autorités compétentes
de tous pays de mettre en place un réseau d’épidémiosurveillance consistant à mettre en
œuvre, d’une part, tous les moyens pour assurer une surveillance rigoureuse et permanente
en suivant leur évolution spatiotemporelle et, d’autre part, toutes les mesures et actions
destinées à garantir la qualité sanitaire des produits aquacoles.
--------------------------------------------
En date de : Mer 9.8.17, William Leschen <william.leschen(a)stir.ac.uk> a écrit :
Objet: [{WARNING: Msg Size >4 Meg; *NOT* spamchecked}
À: "sarnissa-african-aquaculture Mailing List"
<sarnissa-african-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk>uk>, "sarnissa-french-aquaculture
Mailing List" <sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk>
Date: Mercredi 9 août 2017, 9h45
From: melavor farmconsult
[mailto:melavorfarmconsult@gmail.com]
Sent: 04 August 2017 15:59
To: William Leschen
<william.leschen(a)stir.ac.uk>
Subject: Could this be a sign of tilapia lake
virus?
Clinical signs on
moribund farmed tilapia from Volta Lake Ghana… what do
they tell one ?
Hi William
Every month during sampling I see this sign on at least
two fishes, I record mortality of 50pieces on average
daily.
There is no single day, were we don't record mortality
on lake Volta around Akosombo.
Kindly find attached photos
Could it be Tilapia Lake Virus?
Regards
Melshior Avor
From
SARNISSA email forum
Ed
Please for all Following feel welcome to respond - send your
thoughts opinions and if relevant your own
experiences
Salut Guillaume
Chaque mois lors de l'échantillonnage, je vois ce signe
sur au moins deux poissons, je note la mortalité de 50
pièces par jour.
Il n'y a pas un seul jour, si nous ne enregistrons pas
la mortalité sur le lac Volta autour d'Akosombo.
Veuillez trouver ci-joint les photos
Peut-il être Tilapia Lake Virus?
Cordialement
Melshior Avor
Du forum email SARNISSA
Ed S'il vous plaît pour tous les commentaires,
répondez - envoyez vos opinions et, le cas échéant, vos
propres expériences
_______________________________________________
Sarnissa-french-aquaculture mailing list
Sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
http://lists.stir.ac.uk/cgi-bin/mailman/listinfo/sarnissa-french-aquaculture
-----La pièce jointe associée suit-----