Maurice : L’introduction de l'aquaculture
par Pynee Chellapermal
Le 8 juillet 2008, le Parlement mauricien a voté un amendement au
Fisheries and Marine Resources Act (2007) à travers le projet de loi
des Finances de 2008. Soulignons que le projet de loi des Finances
concerne les dispositions et les mesures budgétaires prisent par le
gouvernement pour l'année financière 2008-2009. Par conséquent, le
fait d'effectuer cet amendement dans le cadre du projet de loi des
Finances à la place d'un amendement directement au texte de loi sur
la pêche et les ressources marines, a privé les citoyens de
l'opportunité d'un véritable débat et de faire une analyse critique
des amendements.
Ces amendements visent à permettre le développement des activités de
l'aquaculture dans le lagon et hors du lagon. La section 8C de ce
projet de loi parle de 'Concessions sur des portions de lagon et de
mer pour des projets d'aquaculture pour une période de 20 années au
départ, renouvelables ensuite, pour des périodes consécutives de 10
années'. Ces concessions, qui seront accordées aussi bien aux
investisseurs mauriciens qu'étrangers, seront interdites d'accès aux
usagers traditionnels notamment pêcheurs, plaisanciers, plongeurs et
pratiquants des activités nautiques. Toutes infractions sont
passibles d'une amende et voire d'une peine d'emprisonnement.
Ces amendements ont suscité la réaction de la société civile
mauricienne et en particulier des associations de pêcheurs, des ONG,
des associations de plaisanciers, skippeurs, certains opérateurs du
secteur touristique tels que l'association des plongeurs, des
prestataires de services en matière de sports nautiques, des
écologistes et aussi des simples citoyens. Toutes ces organisations
et mouvements de la société civile se sont regroupés au sein d'une
plateforme qui a pris le nom de Kalipso (Calypso en français) pour
s'opposer aux activités aquacoles dans le lagon et en mer, et pour
militer pour le rétablissement du droit du public sur la mer.
Pour la plateforme Kalipso, les amendements qui ont été votés
constituent 'une ouverture sans précédent vers la privatisation de la
mer, d'autant plus que le concessionnaire s'empressera de baliser sa
concession et qu'il en aura le contrôle et l'administration'.
Toujours selon Kalipso, 'En dehors des impacts désastreux que
l'aquaculture aura sur l'environnement, d'autres secteurs notamment
le tissu social, la croissance économique liée au tourisme, la
sécurité alimentaire pour les démunis, la qualité de notre
destination touristique, la biodiversité marine et les aspects
pratiques lies à la sécurité en mer', subiront des impacts négatifs.
Aussi, les activités aquacoles dans le lagon et en mer vont
constituer une atteinte grave à la liberté de circulation sur la mer,
liberté garantie par la constitution Mauricienne ainsi que le Code
Civile (Article 538) qui stipule que la mer forme partie du
patrimoine commun qu'est le Domaine Public qui n'appartient pas à
l'État, qui ne peut être sujet à la propriété privée et qui est
inaliénable et imprescriptible'.
Aujourd'hui se pose la question de compatibilité entre les activités
d'aquaculture en mer et le développement durable. Plusieurs pays,
qui se sont embarqués dans des activités similaires, ont eu des
problèmes et certains ont dû abandonner leurs activités.
Dans ce contexte, nous invitons les lecteurs de Médiaterre à partager
des informations et des expériences sur ce dossier. Nous nous
engageons à diffuser toute information que nous recevrons de votre
part. Vous pouvez aussi contacter la plateforme Kalipso sur le
joinkalipso(a)gmail.com
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