Grand merci Jérôme pour votre disponibilite a repondre aux sollicitations et a tant a
travers SARNISSA malgre vos charges. La mise au point presente m'est très éclairante
et m'oriente beaucoup mieux dans mes investigations personnelles.
Je retiens surtout que Klapper et al. avaient simplement autrement nommé U … DL qui mesure
la « dentriticité » du plan d’eau et que le modèle est assez vieux.
J’apprécie surtout le fait que vous relevez l’actualité de l’intérêt qui peuvent être
encore accordés a ces modèles empiriques.
Je ne sais pas si je me trompe mais ces modèles ont été surtout développé a partir de
grands lacs naturels. Mon souhait serait d’abord de les voir « valider » par la recherche
pour les multitudes de plus petits plans d’eau qui sont de plus en plus artificiellement
créés (et a créer ?). Le Burkina en compte des centaines qui font l’essentiel de ses
sources halieutiques. La variété des formes morphométriques (dentriticite/ramification) de
ces plans d’eau se remarque a simple observation de cartes hydrographiques du pays. De
plus, comme je l’ai évoqué, j’ai été significativement éprouvé dans mes taches
professionnelles, par plus difficultés a assurer des simples activités de contrôle sur des
plans d’eau avec dentriticite/ramification plus élevé.
C’est donc au-delà de l’intérêt lié aux facteurs écologiques que ce paramètre
morphométrique m’exciterait.
Je souhaiterais vous demander une lecture prochaine de mes 'reflexions ecrites'
lorsque j'y aurais atteint un certain niveau.
Merci encore pour votre disponibilite.
--- En date de : Sam 22.1.11, Jérôme Lazard <jerome.lazard(a)cirad.fr> a écrit :
De: Jérôme Lazard <jerome.lazard(a)cirad.fr>
Objet: Re: [Sarnissa] Suggestion d un sujet de partage et d investigation
À: sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
Date: Samedi 22 janvier 2011, 18h55
Bonjour,
Vieille problématique toujours d'actualité! .... et d'un grand intérêt.
Petit retour vers les fondamentaux établis par les (géniaux) pionniers que je résume
ci-dessous.
1) Les premiers à avoir établi un modèle empirique simple pour évaluer le rendement en
poisson des lacs sont Henderson et Welcomme (1974). Il s'agit de l'indice
morpho-édaphique qui est l'un des modèles empiriques les plus simples et les plus
couramment utilisés pour évaluer le rendement en poisson. On le calcule en divisant la
quantité totale de matière dissoute (TDS) ou la conductivité par la profondeur moyenne
(z). En Afrique, on utilise plus fréquemment la conductivité (mais celle-ci est difficile
à évaluer avec précision avant endiguement dans le cas de lacs de barrage). A partir des
données de 17 lacs africains, la relation entre rendement et IME s'établit ainsi:
Y = 14,3136 IME 0,4681
(rendement exprimé en kg ha-1 an-1)
Ce modèle a ensuite été modifié par Toews et Griffith (1979) qui ont introduit la
superficie du lac (Ao en km2):
log Y = 1,4071 + 0,3697 log IME - 0,00004565 Ao
Les deux modèles convergent pour montrer que les réservoirs sont plus productifs (que les
lacs naturels).
2) De leur côté, Young et Heimbuch (1982) ont établi (à partir de 17 plans d'eau, les
mêmes que ceux de Henderson et Welcomme) un modèle à partir de données morphométriques
simples et faciles à obtenir:
Loge Y = 3,57 + 0,76 Loge Ao
Y: rendement total (en tonnes).
3) Un autre modèle met en œuvre des données morphométriques relativement plus détaillées.
Les deux concepts à la base de ce modèle sont que les réservoirs dendritiques sont plus
productifs que les réservoirs non dendritiques et que les réservoirs peu profonds sont
plus productifs que les réservoirs profonds. Pour déterminer dans quelle mesure un lac est
dendritique, on calcule le rapport entre la longueur du pourtour (Lo) et la circonférence
d'un cercle ayant la même superficie (Ao) que le lac, soit DL.
La mise en relation du rendement en poisson et DL pour 7 réservoirs africains a montré une
bonne corrélation pour les 5 plus grands avec le modèle suivant:
Y = 19,996 + 32,038 (DL/z)
(rendement exprimé en kg ha-1 an-1)
Cordialement,
Jérôme Lazard
Le 21/01/2011 18:52, Sana BOUDA a écrit :
Chers tous,
A la suite des études sur les aspects hydrobiologiques
et piscicoles des retenues d’eau en zone soudano-sahéliennes(1) je poursuis des efforts de
rédaction de ‘mes mémoires’. Je voudrais alors inviter chercheurs et experts aux partages
d’expériences sur un sujet, le cas échéant, sinon à s’y pencher au besoin.
Il s’agit de la forme des plans d’eau en tant que facteurs pouvant fournir des
informations intéressantes sur la productivité biologique en général et halieutique en
particulier. En effet, pour moi il s’agit d’une approche qui est inexplicablement moins
utilisée qu’elle aurait due.
Klapper et al. (1994)(2) ont rapporté et nommé l’indice de forme U = P/2√(πA) où P est la
circonférence du plan d’eau et A sa surface. Cet indice agrège donc la surface et la
longueur des bordures du plan d’eau. Notamment, U = 1 pour une forme parfaitement
circulaire, et U = 1,128 pour un carré. Concrètement, U est faible chez les plans d’eau
aux formes ramassées tandis que U est faible pour les plans d’eau aux formes ramifiées.
Logiquement, et ce qui rend la chose plus intéressante, U pourrait se retrouver inferieur
à 1 pour des pêcheries côtières. Evidemment U ne peut être statique.
A partir d’exploitations empiriques de cartes à petites échelles nous avons trouvé des U
allant de 4 à 9 pour 12 plans d’eau du Burkina. Il faut dire que ce pays présente un
réseau hydrographique particulièrement ‘arborescent’ qui prédit des lacs de barrage
artificiel à formes ramifiées (U élevé). L’indice U pourrait également être déterminé
globalement pour l’ensemble des plans d’eau d’un pays. Dans ce cas, dans la formule, P est
la somme des périmètres des plans d’eau et A la somme des surfaces. On constatera ici
qu’en plus des formes individuelles des plans d’eau, leur fractionnement (nombre) élève
le U global. Nous n’avons pas encore pu savoir le cumul des littoraux (P) pour calculer le
U global du Burkina qui compte plusieurs centaines de plans d’eau pour une superficie
cumulée de 200.000 ha selon plusieurs documents de l’administration des pêches. Mais c’est
certain qu’il serait moins
élevé si cette même étendue se répartissait en quelques
unités de plans d’eau.
En quoi cet indice U serait-il pertinent pour
intéresser chercheurs et experts ?
En termes simples, si toutes autres choses, notamment la superficie d’eau restaient
égales par ailleurs, un plan d’eau de U plus élevé aurait entre autres:
· une productivité piscicole plus élevée du fait de la plus grande importance «
des portes d’apports » en nutriments, de zone de reproduction, de frayères et de refuges,
de lisières terre-eau etc.
· par contre, ce plan d’eau « vieilliraient » et « mourrait » plus rapidement
physiquement (disparition par comblement) et bien avant halieutiquement (disparition
d’espèces halieutiques en faveur de l’émergence de plantes envahissantes, de batraciens et
de reptiles présentant un moindre intérêt halieutique).
Au-delà de ces corrélations à priori évidentes avec des variables écologiques, les
hypothèses suivantes de sciences sociales sont également pertinentes à vérifier:
· ceux qui ont fait le terrain attesteront la plus grande difficulté dans le cas
des plans d’eau la dont forme est ramifiée, à parvenir à la mise en œuvre des activités de
suivi-contrôle-surveillance ou à celle des idéaux plans d’aménagement ou de gestion
(participatifs ou non). Dans un environnement de riverains caractérisé par la pauvreté
sévère, la gestion de la pression anthropique n’y est-elle pas un plus grand défi ?
· et avec un U global certainement élevé comme celui du Burkina, l’existence ou
l’émergence (spontanées) d’une communauté de pêcheurs comme on constate dans les vastes
pêcheries artisanales africaines seraient elles si évidentes ? Alors grand merci de
me communiquer des experiences sur le sujet et courage d'y approfondir les
investigations pour contribuer au developpement de sciences halieutiques plus
operationnelles pour les peches continentales.
Cordialement,
BOUDA
(1)
http://www.bookfinder.com/dir/i/Aspects_Hydrobiologiques_Et_Piscicoles_Des_…
(2) Le contrôle de l’eutrophisation des lacs et réservoirs Sous la direction de
Sven-Olof RYDING et Walter RAST. 1994, 294 pages.
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