Bonjour Géovanne,
Les rôles et les impacts de la pisciculture paysanne versus industrielle
ne sont pas la mêmes, au même titre que d'autres activités agricoles.
Quelle que soient les système piscicoles proposés (et ils co-existent
dans de nombreux pays), ils doivent satisfaire son promoteur et avoir un
sens sur le plan socio-économique (débat récurrent mais toujours
d'actualité), sinon c'est l'abandon (au mieux un "élevage" de
plaisir)
ou la faillite. Par ailleurs, même la pisciculture non nourrie ne fait
pas parti du passé, si je m'en réfère à la FAO (2012: situation mondiale
de la pêche et de l'aquaculture):*
Production avec et sans alimentation d’appoint* : Alors que
l’alimentation du poisson est généralement perçue comme un frein majeur
au développement de l’aquaculture,* un tiers de la production totale de
poisson d’élevage destiné à la consommation, soit 20 millions de tonnes,
est concrètement obtenu sans alimentation artificielle* (Figure 7). Les
huîtres, les moules, les palourdes, les coquilles Saint-Jacques et les
autres espèces de bivalves consomment les éléments nutritifs qui
existent naturellement dans leur milieu de culture, que ce soit en mer
ou dans les lagons. *La carpe argentée et la carpe à grosse tête se
nourrissent du plancton qui prolifère grâce à une fertilisation
intentionnelle et aux déchets et éléments nutritifs résiduels laissés
par les espèces nourries qui sont élevées dans les systèmes d’élevage
plurispécifiques. Le système mixte riziculture-pisciculture est connu de
longue date et est couramment pratiqué, notamment en Asie* (Encadré 2).
Toutefois, on assiste à un déclin progressif de la part de la production
mondiale assurée par les espèces non nourries, qui est passée de plus de
50 pour cent en 1980 au niveau actuel de 33,3 pour cent et qui
s’explique essentiellement par le changement des pratiques en Asie.
Cette évolution reflète la croissance relativement plus rapide du
sous-secteur de la production des espèces nourries qu’encouragent,
notamment, la mise au point et la plus grande disponibilité des aliments
composés destinés à l’élevage des poissons et des crustacés. *Quelques
espèces nourries consomment à la fois des aliments d’appoint et des
éléments nutritifs produits grâce à la fertilisation du milieu de
culture. Si l’on tenait compte de cette fraction d’alimentation
naturelle dans le calcul de leur production totale, la part de la
production mondiale de poisson d’élevage destiné à la consommation, qui
est assurée par un élevage sans apport d’aliments serait plus élevée que
les 33,3 pour cent cités plus haut.* Faute de disposer des informations
et des données nécessaires pour effectuer les calculs, ce pourcentage ne
tient pas compte des deux éléments suivants: i) la fraction
d’alimentation naturelle comprise dans le système de production de
certaines espèces nourries (telles que le chano qui se nourrit
partiellement d’agrégats algaux appelés «lab-lab», obtenus par la
fertilisation des bassins d’élevage); et ii) les carpes filtreuses non
nourries qui sont répertoriées par certains producteurs en même temps
que d’autres espèces et sont comptabilisées comme des espèces nourries.
(*page 34 et 35)*
*Les tendances qui ont été observées en Chine montrent que la production
halieutique dans les rizières a été multipliée par treize pendant les
deux dernières décennies et que la rizipisciculture est désormais l’un
des systèmes aquacoles les plus importants en Chine, qui contribue de
manière non négligeable aux moyens d’existence et à la sécurité
alimentaire dans les zones rurale*s. Un vaste éventail d’espèces
aquatiques, notamment différents types de carpes, des tilapias, des
poissons-chats et des brèmes, est élevé dans les rizières. Les prix et
les préférences du marché peuvent créer des débouchés très intéressants,
qui encouragent les agriculteurs à diversifier les espèces et à cibler
en particulier les anguilles, les loches et divers crustacés, voire à
opter pour la vente et la commercialisation de produits biologiques, à
plus forte valeur. En Inde, la pratique qui est utilisée dans des
écosystèmes différents, depuis les rizières en terrasses des zones de
collines jusqu’aux régions côtières et aux rizières à submersion
profonde, aurait concerné une surface de 2 millions d’hectares pendant
les années 90. La culture intégrée riz-poisson est expérimentée et
pratiquée dans d’autres pays et continents,mais à moins grande échelle.
En dehors de l’Asie, des activités de ce type ont été signalées
notamment par le Brésil, l’Égypte, le Guyana, Haïti, la Hongrie, l’Iran
(République islamique d’), l’Italie, Madagascar, le Malawi, le Nigéria,
le Panama, le Pérou, le Sénégal, le Suriname, les États-Unis, la Zambie
et plusieurs pays de la région Asie centrale et Caucase. (*encadré 2,
page 35 et 36)*
Je t'encourage à télécharger la présentation et à la lire jusqu'au bout
sans préjugé, comme on dit ce n'est pas pas parce que les systèmes de
pisciculture proposés en milieu paysan n'ont pas été viables qu'il faut
jeter le bébé avec l'eau du bain. Le modèle "localisé" de pisciculture
proposé (qui répond donc aux contraintes et opportunités locales) a déjà
montré son aptitude à engendrer des dynamiques de production en Côte
d'Ivoire (et sa résilience) et en Guinée Conakry.
bien à toi,
Olivier
PS je te renvoie aussi à la Note de politiques aquacoles N° 2 de Sarnissa
Trois types aquacoles principaux peuvent être
distingués en Afrique
sub-saharienne. Ils diffèrent considérablement dans leurs logiques de
gestion et de mobilisation des ressources:
a. L'aquaculture à petite échelle, composante des systèmes agricoles
ruraux: la production de poissons est intégrée à l'agriculture et à
l’élevage ; les ressources mobilisées proviennent principalement de
l'exploitation
agricole (déchets d'origine animale, sous-produits agricoles,
main-d'oeuvre familiale), les aliments artificiels ne sont utilisés
qu’en complément ; production extensive ou semi-intensive, les
poissons produits sont
autoconsommés et vendus dans des proportions variables sur les marchés
locaux.
b. Les petites et moyennes entreprises aquacoles, (semi-)intensives
(PME): les entreprises sont souvent spécialisées dans l’aquaculture;
les aliments artificiels sont fréquemment utilisés et peuvent
constituer l’unique
source d’aliments; la production est principalement réalisée à petite
échelle/semi-intensive, mais aussi à moyenne échelle/intensive, elle
est orientée vers les marchés locaux et urbains ; la main-d'oeuvre est
à la fois
familiale et salariée.
c. L’aquaculture industrielle, à grande échelle: la production de
poissons marchands est de type industriel avec souvent une intégration
verticale de la production d’aliments et alevins, de la transformation
et commercialisation des produits; la main d’oeuvre est salariée
composée de cadres techniques et de personnel qualifié ; les capitaux
sont principalement étrangers; la production est orientée vers
l'exportation et, de plus en plus, vers les marchés régionaux et
nationaux.
*Lors de la définition des politiques publiques et des stratégies en
matière d’aquaculture, il est crucial de reconnaître que ces trois
types d'aquaculture ont leurs propres avantages et limites, et qu’ils
contribuent différemment à
la réalisation des objectifs de développement. Ils diffèrent aussi
dans leurs besoins. Chaque type d'aquaculture nécessite un ensemble
distinct d'interventions, de ressources et de budget pour parvenir à
résoudre ses contraintes spécifiques et permettre de réaliser son
plein potentiel de développement.*
Et comme l'a fait observé Newton, la
pisciculture industrielle est
capable de mobiliser au niveau international les ressources nécessaires
à son développement et notamment l'assistance technique internationale
(européenne mais aussi asiatique) comme on peut déjà le constater dans
plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et Central (Ghana, Côte d'Ivoire,
Bénin etc.). Elle a besoin de la part des gouvernements de mesures
incitatives à l'investissement etc. Ce n'est pas le cas ni des PME, ni
de la pisciculture paysanne qui ont notamment besoin d'un appui-conseil
adéquate, et donc de politiques spécifiques.
Le 17/04/2013 19:35, Geovanne NZIENGUI a écrit :
salut,
tu as certainement raison sur les moyens de concurrence. c'est clair
que les paysans ne peuvent rien sur le marché.
mais moi je pose le problème d'intensification, de statut de la
pisciculture, de commercialisation.
je veux que désormais en Afrique soit promu les projets de
developpement de la filière piscicole avec des réalisations telles que
lac Everst. que l'on arrête avec pisciculture paysanne ou on nourrie
avec des larves de mouche, des brisures de riz, des drèches de
brasserie. on est en 2013 on veut des projets durables, économiquement
viables et respectueuse de l'environnement. c'est tout ce que je dis.
maintenant que la Banque Mondiale appui de telle initiative ou le FMI
ou je ne sais quelle bailleur
Géovanne Aymar NZIENGUI DJIEMBI
Directeur de l'Aménagement et de la
Restauration des Écosystèmes Aquatiques
Boulevard Triomphal Omar BONGO
Libreville Gabon
tel +(241) 06204273
------------------------------------------------------------------------
Date: Mon, 15 Apr 2013 14:37:36 -0300
From: rodrigues.newton(a)gmail.com
To: sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
Subject: Re: [Sarnissa] vidéo - Intensification écologique de la
pisciculture paysanne au Cameroun
Bonjour Géovanne,
Je pense que le rôle du pouvoir publique est donner appui aux
producteurs paysannes parce que les grands producteurs ont de l'argent
pour payer assistence technique, par exemple.
La pisciculture en cages inserée à "l aquabusiness" normalement fait
de concurrence avec les petits producteurs et sont plus eficients du
point de vue strictement économique, pas social.
Newton José Rodrigues da Silva
2013/4/15 Geovanne NZIENGUI <gn_vanni(a)hotmail.com
<mailto:gn_vanni@hotmail.com>>
mais pourquoi pas se lancer vers l'aquaculture intensive de
production dans nos pays
pourquoi seulement pisciculture paysane? aujourd'hui la
pisciculture est une activité
économique à part entière au même titre que les autres mais on
veut toujours voir petit.
Géovanne Aymar NZIENGUI DJIEMBI
Directeur de l'Aménagement et de la
Restauration des Écosystèmes Aquatiques
Boulevard Triomphal Omar BONGO
Libreville Gabon
tel +(241) 06204273
------------------------------------------------------------------------
From: e.d.devic(a)stir.ac.uk <mailto:e.d.devic@stir.ac.uk>
To: sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
<mailto:sarnissa-french-aquaculture@lists.stir.ac.uk>
Date: Sat, 13 Apr 2013 11:29:44 +0100
Subject: [Sarnissa] vidéo - Intensification écologique de la
pisciculture paysanne au Cameroun
Chers membres,
Veuillez trouver ci-après deux liens vous donnant accès à des
vidéos réalisées lors du séminaire agroécologie à Montpellier
(avril 2013).
* Présentation de l'*Intensification écologique de la
pisciculture paysanne (exemple du Cameroun) *par Marc Oswald
(ISTOM ;APDRA-pisciculture paysanne) et Olivier Mikolasek
(APDRA-pisciculture paysanne ; UMR Intrepid -Cirad et
Ifremer) :http://vimeo.com/63644723
* *Questions* à Marc Oswald et Olivier Mikolasek :
http://vimeo.com/63719933
L’objectif de cette présentation est de questionner les voies
d’une intensification écologique d’aménagements piscicoles de
bas-fonds (étangs de barrage), les plus à mêmes de générer des
résultats durables (c’est-à-dire mobilisés au sein du processus de
développement en cours et permettant l’intensification recherchée).
Cordialement,
Emilie Devic
Institut of Aquaculture,
Université de Stirling, GB
------------------------------------------------------------------------
The University of Stirling is ranked in the top 50 in the world in
The Times Higher Education 100 Under 50 table, which ranks the
world's best 100 universities under 50 years old.
The University of Stirling is a charity registered in Scotland,
number SC 011159.
_______________________________________________
Sarnissa-french-aquaculture mailing list
Sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
<mailto:Sarnissa-french-aquaculture@lists.stir.ac.uk>
http://lists.stir.ac.uk/cgi-bin/mailman/listinfo/sarnissa-french-aquaculture
_______________________________________________
Sarnissa-french-aquaculture mailing list
Sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
<mailto:Sarnissa-french-aquaculture@lists.stir.ac.uk>
http://lists.stir.ac.uk/cgi-bin/mailman/listinfo/sarnissa-french-aquaculture
_______________________________________________
Sarnissa-french-aquaculture mailing list
Sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
http://lists.stir.ac.uk/cgi-bin/mailman/listinfo/sarnissa-french-aquaculture
_______________________________________________
Sarnissa-french-aquaculture mailing list
Sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
http://lists.stir.ac.uk/cgi-bin/mailman/listinfo/sarnissa-french-aquaculture
--
Dr Olivier Mikolasek
UMR 110 Intrepid
INTensification Raisonnée et Ecologique pour une PIsciculture Durable - Persyst
Cirad - La Recherche agronomique pour le développement
TA B-110/B
Campus international de Baillarguet
34398 Montpellier cedex 5, France
tel: +33 (0)4 6759 38 37; Fax: +33 (0)4 67 59 38 25
Assistante: +33 (0)4 67 59 37 31
http://umr-intrepid.cirad.fr/
http://www.sarnissa.org/
http://www.cirad.fr/