Bonjour,
Vieille problématique toujours d'actualité! .... et d'un grand intérêt.
Petit retour vers les fondamentaux établis par les (géniaux) pionniers
que je résume ci-dessous.
1) Les premiers à avoir établi un modèle empirique simple pour évaluer
le rendement en poisson des lacs sont Henderson et Welcomme (1974). Il
s'agit de l'indice morpho-édaphique qui est l'un des modèles empiriques
les plus simples et les plus couramment utilisés pour évaluer le
rendement en poisson. On le calcule en divisant la quantité totale de
matière dissoute (TDS) ou la conductivité par la profondeur moyenne (z).
En Afrique, on utilise plus fréquemment la conductivité (mais celle-ci
est difficile à évaluer avec précision avant endiguement dans le cas de
lacs de barrage). A partir des données de 17 lacs africains, la relation
entre rendement et IME s'établit ainsi:
Y = 14,3136 IME 0,4681
(rendement exprimé en kg ha-1 an-1)
Ce modèle a ensuite été modifié par Toews et Griffith (1979) qui ont
introduit la superficie du lac (Ao en km2):
log Y = 1,4071 + 0,3697 log IME - 0,00004565 Ao
Les deux modèles convergent pour montrer que les réservoirs sont plus
productifs (que les lacs naturels).
2) De leur côté, Young et Heimbuch (1982) ont établi (à partir de 17
plans d'eau, les mêmes que ceux de Henderson et Welcomme) un modèle à
partir de données morphométriques simples et faciles à obtenir:
Loge Y = 3,57 + 0,76 Loge Ao
Y: rendement total (en tonnes).
3) Un autre modèle met en œuvre des données morphométriques relativement
plus détaillées. Les deux concepts à la base de ce modèle sont que les
réservoirs dendritiques sont plus productifs que les réservoirs non
dendritiques et que les réservoirs peu profonds sont plus productifs que
les réservoirs profonds. Pour déterminer dans quelle mesure un lac est
dendritique, on calcule le rapport entre la longueur du pourtour (Lo) et
la circonférence d'un cercle ayant la même superficie (Ao) que le lac,
soit DL.
La mise en relation du rendement en poisson et DL pour 7 réservoirs
africains a montré une bonne corrélation pour les 5 plus grands avec le
modèle suivant:
Y = 19,996 + 32,038 (DL/z)
(rendement exprimé en kg ha-1 an-1)
Cordialement,
Jérôme Lazard
Le 21/01/2011 18:52, Sana BOUDA a écrit :
Chers tous,
A la suite des études sur les aspects hydrobiologiques
et piscicoles des retenues d’eau en zone soudano-sahéliennes(1) je poursuis des efforts de
rédaction de ‘mes mémoires’. Je voudrais alors inviter chercheurs et experts aux partages
d’expériences sur un sujet, le cas échéant, sinon à s’y pencher au besoin.
Il s’agit de la forme des plans d’eau en tant que facteurs pouvant fournir des
informations intéressantes sur la productivité biologique en général et halieutique en
particulier. En effet, pour moi il s’agit d’une approche qui est inexplicablement moins
utilisée qu’elle aurait due.
Klapper et al. (1994)(2) ont rapporté et nommé l’indice de forme U = P/2√(πA) où P est la
circonférence du plan d’eau et A sa surface. Cet indice agrège donc la surface et la
longueur des bordures du plan d’eau. Notamment, U = 1 pour une forme parfaitement
circulaire, et U = 1,128 pour un carré. Concrètement, U est faible chez les plans d’eau
aux formes ramassées tandis que U est faible pour les plans d’eau aux formes ramifiées.
Logiquement, et ce qui rend la chose plus intéressante, U pourrait se retrouver inferieur
à 1 pour des pêcheries côtières. Evidemment U ne peut être statique.
A partir d’exploitations empiriques de cartes à petites échelles nous avons trouvé des U
allant de 4 à 9 pour 12 plans d’eau du Burkina. Il faut dire que ce pays présente un
réseau hydrographique particulièrement ‘arborescent’ qui prédit des lacs de barrage
artificiel à formes ramifiées (U élevé).
L’indice U pourrait également être déterminé globalement pour l’ensemble des plans d’eau
d’un pays. Dans ce cas, dans la formule, P est la somme des périmètres des plans d’eau et
A la somme des surfaces. On constatera ici qu’en plus des formes individuelles des plans
d’eau, leur fractionnement (nombre) élève le U global. Nous n’avons pas encore pu savoir
le cumul des littoraux (P) pour calculer le U global du Burkina qui compte plusieurs
centaines de plans d’eau pour une superficie cumulée de 200.000 ha selon plusieurs
documents de l’administration des pêches. Mais c’est certain qu’il serait moins élevé si
cette même étendue se répartissait en quelques unités de plans d’eau.
En quoi cet indice U serait-il pertinent pour intéresser chercheurs et experts ?
En termes simples, si toutes autres choses, notamment la superficie d’eau restaient
égales par ailleurs, un plan d’eau de U plus élevé aurait entre autres:
· une productivité piscicole plus élevée du fait de la plus grande importance «
des portes d’apports » en nutriments, de zone de reproduction, de frayères et de refuges,
de lisières terre-eau etc.
· par contre, ce plan d’eau « vieilliraient » et « mourrait » plus rapidement
physiquement (disparition par comblement) et bien avant halieutiquement (disparition
d’espèces halieutiques en faveur de l’émergence de plantes envahissantes, de batraciens et
de reptiles présentant un moindre intérêt halieutique).
Au-delà de ces corrélations à priori évidentes avec des variables écologiques, les
hypothèses suivantes de sciences sociales sont également pertinentes à vérifier:
· ceux qui ont fait le terrain attesteront la plus grande difficulté dans le cas
des plans d’eau la dont forme est ramifiée, à parvenir à la mise en œuvre des activités de
suivi-contrôle-surveillance ou à celle des idéaux plans d’aménagement ou de gestion
(participatifs ou non). Dans un environnement de riverains caractérisé par la pauvreté
sévère, la gestion de la pression anthropique n’y est-elle pas un plus grand défi ?
· et avec un U global certainement élevé comme celui du Burkina, l’existence ou
l’émergence (spontanées) d’une communauté de pêcheurs comme on constate dans les vastes
pêcheries artisanales africaines seraient elles si évidentes ?
Alors grand merci de me communiquer des experiences sur le sujet et courage d'y
approfondir les investigations pour contribuer au developpement de sciences halieutiques
plus operationnelles pour les peches continentales.
Cordialement,
BOUDA
(1)
http://www.bookfinder.com/dir/i/Aspects_Hydrobiologiques_Et_Piscicoles_Des_…
(2) Le contrôle de l’eutrophisation des lacs et réservoirs Sous la direction de
Sven-Olof RYDING et Walter RAST. 1994, 294 pages.
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