Bonjour à tous,
Voici quelques notes sur la conférence mondiale sur l'aquaculture qui se tient
actuellement à Phuket. A noter que SARNISSA a été très abondamment cité, notamment comme
exemple de circulation de l'information grâce aux nouvelles technologies.
L'occasion pour moi de vous rappeler que nous sommes aussi sur Internet
(
http://www.sarnissa.org), Twitter (
http://twitter.com/sarnissa) et facebook
(
http://www.facebook.com/pages/Sarnissa-Sustainable-Aquaculture-Research-Net…)
Jiansan Jia (FAO) a rappelé que la première conférence sur l'aquaculture s'est
tenue en 1966 à Rome sur le Thème "Pisciculture d'étang en eau chaude". Elle
a été suivie en 1976 par la Conférence de Kyoto qui a adopté la "Déclaration de
Kyoto", qui mettait l'accent sur la nécessité d'augmenter la productivité de
l'aquaculture. Elle a été remarquablement suivie, au point que l'on a rapidement
dépassé les limites que la nature était capable de supporter, avec l'apparition de
pollutions, de maladies etc. En réponse, la FAO a adopté en 1995 son code de bonne
conduite. Ensuite, en 2000, la conférence mondiale sur l'aquaculture a adopté la
"Déclaration de Bankok" qui propose un cadre stratégique global pour le
développement durable de l'aquaculture. En 2006, un sous-comité Aquaculture a créé au
sein du Comité des Pêches et 10 ans après la conférence de Bangkok, la conférence de
Phuket qui se tient actuellement a vocation à faire le point sur les avancées du
développement de l'aquaculture dans le monde. Une déclaration de Phuket sera adoptée.
J. Jia a revu les 17 éléments de la Déclaration de Bangkok. Je ne liste pas tout, juste
quelques points particuliers, je laisse si nécessaire, les autres personnes présentes à
Phuket compléter pour éviter de m'enfermer dans un monologue trop long. Au cours de la
décennie écoulée, il y a eu énormément d'investissement en formation, recherche et
développement. L'information et la communication se sont fortement développées et
l'accent a été mis sur la sécurité alimentaire, l'élimination de la pauvreté et
l'environnement. L'aquaculture intégrée et notamment multi-trophique a été
revitalisée ces dernières années. Les tendances actuelles incluent les pêches basées sur
l'aquaculture (Culture based fisheries). La santé des animaux aquatiques reste une
préoccupation. Il y a eu d'énormes progrès sur les aliments, notamment en vue de la
substitution des farines animales. Idem pour la génétique, avec l'arrivée
d'animaux transgéniques destinés à l'alimentation, qui soulèvent toutefois de
fortes inquiétudes des consommateurs. Les progrès des biotechnologies ont permis des
avancées majeures dans des domaines tels que les vaccins ou la bioremédiation. La qualité
sanitaire des aliments et l'hygiène du secteur ont fortement progressé, sous
l'effet de normes très strictes. Au niveau du marché, ce qui a marqué la décennies,
c'est la mondialisation. Parmi les points moins reluisants par rapport à la
déclaration de Bangkok: l'aquaculture en Afrique reste insuffisante, même si les
choses sont entrain de changer rapidement. Il a appelé les institutions à s'unir pour
remédier à ce problème. Il va falloir explorer l'aquaculture offshore et en mer
ouverte.
Benedict Satia (USA) a présenté l'état du développement de l'aquaculture en
Afrique. Il a rappelé que la production a été multipliée par 5 entre 1998 et 2008. Elle
repose actuellement sur des petits producteurs, dans des systèmes intégrés. Les cages et
les bacs sont des innovations récentes. Le Nigéria représente 61% de la production,
l'Ouganda (dont le ministre de l'aquaculture est présent à Phuket) 22%, Madagascar
4% et la Zambie 3%. 88% est produit en eau douce 10% marin. Le clarias (52%) est la
principale espèce produite, suivi par le tilapia et les carpes. Les difficultés portent
sur le foncier (accès, compétition, dégradation), les alevins et aliments en qualité et
quantité insuffisantes, l'assistance aux producteurs insuffisante, l'appui
sanitaire insuffisant, l'absence de systèmes bancaires et d'assurance aquacole,
l'instabilité politique, les incertitudes liées au changement climatique. Parmi les
atouts, nombreux, j'ai noté le commerce régional (grand lacs), les exportations
d'espèces à valeur ajoutée, l'emploi créé, le développement du partage de
l'Information (SARNISSA, ANAF, le programme FAO TCDC de coopération Sud-Sud entre le
NACA et l'Afrique Sub-Saharienne).
Sena De Silva (NACA) a fait le même exercice en Asie-Pacifique. Je fais plus court pour le
résumé, même si S. De Silva a, lui, a fait plus long mais avec beaucoup d'humour ! Il
a commencé sont intervention par un scoop: l'aquaculture serait née dans le sud-ouest
de l'Etat de Victoria (Australie) où les aborigènes semblaient pratiquer l'élevage
d'anguilles bien avant les chinois !... Sinon, l'Asie-Pacifique, c'est la
région de l'aquaculture réussie, basée sur une aquaculture à petite échelle, et qui
devrait le rester. C'est aussi la zone de l'aquaculture d'espèces exotiques.
Les tendances: approche par pôles aquacoles pour regrouper les producteurs et bénéficier
d'économies et services d'échelle. Il a aussi insisté sur les pêches basées sur
l'aquaculture, nouvelle tendance à considérer. L'aquaculture en cage pourrait être
un moyen d'existence pour les réfugiés climatiques. Il va aussi falloir développer les
systèmes intégrés, notamment riz-pisciculture, la mariculture etc.
Laszlo Varadi a présenté l'aquaculture en Europe. Au cours de la dernière décennie,
elle a augmenté en valeur mais stagné en volume. Cela cache des disparités car si
c'est bien le cas dans l'Union Européenne, l'aquaculture progresse quand même
dans les pays du nord-ouest et du sud-est non-membres de l'UE (Turquie etc.). Les
trois leaders sont Norvège/Espagne/France. Le saumon=37%, la truite 12%. Les nouvelles
espèces sont le cabillaud, le turbot, le maigre, l'omble chevalier. Les technologies
en développement: offshore, circuits recyclés de nouvelle génération, IMTA. Pour le futur:
il va falloir faire un usage responsable des ressources disponibles, simplifier le cadre
législatif, mettre en place des collectes de données ciblées en appui aux politiques
d'appui, prendre en compte le changement climatique, développer de meilleurs services
d'appui à la filière, améliorer la perception du secteur par le public, développer des
labels écologiques.
Amérique Latine (Carlos Wurman): Chili+Brésil+Equateur= 74,1% en volume et 77,7% en
valeur. Les espèces dominantes: salmonidés, crevettes, tilapia, moules (81,9% en vol,
86,9% en val). Depuis les années 1980, il y a eu un développement de filières
d'exportation compétitives sur le marché mondial.
Moyen-Orient (Issam Krouma): l'aquaculture a démarré dans les années 1920 dans sa
forme moderne et sa production a été multipliée par 6 au cours des 10 dernières années.
Top 3 Espèces: Tilapia/Mullet/Carpes. Top 3 Pays: Egypte/Iran/Arabie Saoudite. 70% produit
en brackishwater. La présence du désert et la rareté de l'eau limite l'aquaculture
d'eau douce.
Amérique du Nord (Paul Olin): Canada: + 54% en 10 ans/Etats Unis: +17% en 10 ans. Top 3:
Channel catfish (36%), Saumon (19%), Huître américaine (15%). A noter que le FDA est sur
le point d'autoriser la commercialisation d'un saumon transgénique à des fins
alimentaires.
Enjeux futurs de l'aquaculture dans le monde (Imtiaz Ahmad):
- Conflits d'usage
- Approche intégrée
- Approche écosystèmique de l'aquaculture
- Développement de la production d'alevins en écloserie et amélioration de leur
qualité
- Gestion des ressources génétiques
- Aliments végétaux (même si l'aquaculture a diminué de 5 fois sa consommation en
huiles et farines de poissons en l'espace de 20 ans)
- Gestion de la santé animale
- Création de pôles aquacoles (notamment pour la petite aquaculture)
- Adaptation des règles de l'OMC sur les taxes
- Mise en oeuvre du guide technique de la FAO pour un commerce des produits aquatiques
responsables
- Adaptation au changement climatique
- Adaptation à la crise économique mondiale
- Amélioration de la perception du secteur par le public
Bien amicalement
Lionel