Bonjour,
Je ne connais de Maurice que Rodrigues, petit paradis terrestre, qui
me semble bien correspondre à la description que vous donnez !
Concernant le concept de durabilité auquel vous êtes confronté, c'est
un sujet difficile, car souvent passionnel. J'imagine que vous avez
déjà beaucoup réfléchi dans le cas de Maurice, donc n'hésitez pas à
faire évoluer la discussion.
C'est devenu une litote de dire que le développement durable est par
nature un compromis. Or, les points de vue des écologistes, des
aquaculteurs, des pouvoirs publics, des riverains, des scientifiques
etc. ont peu de chance de présenter spontanément une zone de
recouvrement suffisante pour atteindre d'emblée un consensus, fut-il
recherché par une autorité morale suprême, capable de concilier les
points de vue les plus inconciliables. De ce fait, j'ai toutes les
peines du monde à croire aux démarches qui définissent le
développement durable de manière externe aux acteurs concernés et à
leur confrontation directe, en s'appuyant sur des approches qui se
voudraient "objectives" dans un domaine, le développement durable, où
la subjectivité et le passionnel règnent.
Le développement durable est à mes yeux un processus collectif et
évolutif, inatteignable sans polémique, sans débat d'idée et sans
dialogue, parce qu'il résulte avant tout de la confrontation des
attentes contradictoires d'acteurs directement concernés, dont le
point de vue évolue grâce au processus de discussion, et non de la
conception ex nihilo d'un monde idéal vers lequel tout le monde
s'accorderait de manière responsable à vouloir aller.
Cette notion de négociation, de dialogue (parfois musclé) entre
acteurs aux intérêts divergents, et de construction collective est à
mes yeux la clé du succès.
Le WWF a mis en place des "dialogues" en aquaculture au niveau
planétaire. Je me suis efforcé d'en parler sur la liste, mais sans
susciter jusqu'à présent de réaction, notamment à propos des
dialogues Tilapia et Cobia-Sériole (je mets en copie E. Bernard,
Chargé de Programme Aquaculture WWF France, qui pourra peut-être
apporter des précision sur cette démarche, ou sur IDAQUA, car je ne
suis pas certain qu'il fasse déjà partie de la liste Sarnissa). Je
n'adhère pas spécialement à cette démarche particulière, que je ne
connais, hélas pas assez (mais quand même, plus que la moyenne de mes
interlocuteurs francophones !), mais j'apprécie le pragmatisme de
cette approche qui ne fixe pas d'emblée d'objectif autre*** que de
créer des lieux de discussion et de confrontation d'idées.
Je ne connais la situation de Maurice qu'au travers de ce que j'ai pu
lire via Internet et les médias, j'ai le sentiment que l'opposition
actuelle à l'aquaculture se cristallise autour de l'opposition
virulente de certains mouvements écologistes aux revendications assez
hétérogènes (voir le dernier lien posté sur le site web). Cette
liberté de parole est, je pense, un des atout de Maurice pour mettre
en place une dynamique durable, à condition de canaliser cette
énergie dans un dialogue constructif. Sans promouvoir une méthode
plutôt qu'une autre, je trouve que ce serait très intéressant si vous
pouviez nous indiquer s'il y a déjà eu ce type de dialogue et ce
qu'il en est ressorti (ou pas ressorti, d'ailleurs: les échecs
temporaires font aussi partie du processus).
Un autre aspect que vous abordez, mais sur lequel, je ne m'étendrais
pas, mais que je trouve passionnant, c'est le lien "normes"-"image de
marque" (touristique, qualité etc.). Je pense que c'est un deuxième
niveau, essentiel mais distinct du premier.
Bien amicalement
Lionel
*** En me relisant, je me dis que je simplifie à outrance pour des
raisons de clarté, je serais plus nuancé si nous rentrons dans les
détails...
Le 27 nov. 08 à 02:59, Jean-yvon Thepaut a écrit :
Bonjour Lionel,
Impossible d'ouvrir la lettre d'info,toutefois je suis votre blog
avec attention et j'apprends beaucoup sur le situation de
l'aquaculture du tilapia en Afrique.
Mon problème a Maurice est de mettre en place des normes
d'encadrement très strictes afin d'éviter tout dérapages qui
pourraient avoir de très grandes conséquences sur l'environnement
et la qualité des produits surtout que l'on cherche a développer
une aquaculture durable qui devra être un produit commercial a la
hauteur des ambitions de Maurice qui veut être une ILE DURABLE aux
ambitions touristique justifiées par sa situation géographique et
climatique privilégiée par les dieux ,que l'homme se doit de
préserver et respecter par une aquaculture sous haute
surveillance , indispensable pour l'avenir .
Cordialement
JYTpo