Un article un peu ancien de Saurin Hem
Enclavée, soumise à des afflux de réfugiés depuis 1990, la Guinée
forestière
souffre d’une grave pénurie alimentaire. Comme toute forme d’élevage,
la pisciculture pourrait offrir une nouvelle source de nourriture.
Cependant les bas-fonds, propices à la création d’étangs, sont déjà
occupés
par les rizières. L’idée a donc été d’associer l’élevage de poissons
à la culture
du riz à l’instar de ce qui se fait en Asie. L’IRD a réalisé un essai
de rizipisciculture
en partenariat avec la SOGUIPAH (Société guinéenne de palmiers
à huile et d’hévéas) et la Direction nationale de l’aquaculture et de
la pêche
continentale1. Au terme d’une année, la production piscicole – des
tilapias
– s’est élevée jusqu’à plus d’une tonne par hectare. Une manne d’autant
plus précieuse que la présence des poissons n’a pas entravé la
culture du
riz, principale crainte des agriculteurs : les rendements ont été
d’environ
1,5 tonne/ha avec ou sans poissons. Selon certaines expériences
asiatiques,
la pisciculture peut même contribuer à accroître la productivité des
rizières
notamment grâce aux déjections qui enrichissent les sols. Si de tels
effets
ne sont pas encore perceptibles, en revanche, l’absence de mauvaises
herbes, due à la hauteur d’eau nécessaire aux poissons, a été très
bénéfique
: le temps de préparation des casiers rizicoles avant les cultures a été
réduit (gain en travail de 40 hommes x jours/ha).
Une expérience totalement concluante ? « Certes, les poissons pêchés
sont de
petite taille (80 % ont un poids moyen de 60 g), souligne Saurin Hem,
chercheur
de l’unité Divha2, qui a dirigé cette étude. Cependant, ils enrichissent
l’alimentation quotidienne par un apport en protéines non
négligeable. Dans
un contexte de pénurie comme celui de la Guinée forestière, outre les
quantités
alimentaires produites, c’est le faible coût de production qui importe
avant tout. La rizipisciculture, longtemps écartée des programmes de
développement
en Afrique du fait de la petite taille des poissons, devrait avoir une
place plus importante dans certaines régions rurales démunies. »
<http://minilien.com/?XaHfmDWu00>
<http://www.ird.fr/fr/actualites/journal/10/
sas10_recherche_biodiversite.pdf>