La FAO encadre l'achat de terres dans les pays pauvres
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http://www.fao.org/nr/tenure/voluntary-guidelines/en/
AFP
vendredi 11 mai 2012 15:29 GMT
Le comité de sécurité alimentaire mondiale de la FAO a adopté vendredi des directives pour
encadrer l'achat de terres à travers le monde, une première saluée par les ONG qui ont
cependant regretté que les mesures préconisées ne soient pas contraignantes.
"C'est extrêmement important, on en avait besoin, c'est le premier document
consacré à la gouvernance sur la propriété des terres mais c'est un point de départ,
pas d'arrivée", s'est réjoui le directeur général de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture José Graziano da Silva.
Selon George Kourous, porte-parole de la FAO, le document d'une quarantaine de pages
qui concerne aussi les forêts et les zones de pêche, a été "approuvé par
acclamation" par le Comité de la sécurité alimentaire (CSA) de la FAO.
"C'est un moment historique et une étape importante pour améliorer la sécurité
alimentaire", a renchéri le président en exercice du CSA, le Nigérian Yaya Olaniran.
L'accaparement des terres arables par certains pays et investisseurs privés dans des
zones pauvres suscite la polémique en particulier depuis la flambée des prix alimentaires
de 2008.
Les directives FAO visant à instaurer "une gouvernance responsable des régimes
fonciers" ont été élaborées dans le cadre d'un processus inédit qui a vu les
Etats, le secteur privé, la société civile et les organisations internationales négocier
pendant trois ans.
"Des droits fonciers inadaptés et non sécurisés augmentent la vulnérabilité, la faim,
la pauvreté et peuvent conduire à des conflits et des dégradations
environnementales", a expliqué la FAO.
La FAO a donc insisté sur les droits des peuples autochtones, l'égalité des sexes pour
l'accès aux terres et l'importance de l'information des populations. En outre,
le document appelle "les investisseurs privés à respecter les droits de l'homme
et de propriété légitime".
Sur les expropriations qui ont provoqué des conflits en Chine, le texte demande aux
gouvernements "une évaluation juste, des dédommagements rapides" et de limiter
cette pratique aux cas vraiment nécessaires.
"Un point important du document est la reconnaissance de la propriété informelle de
la terre: c'est fondamental pour des millions d'agriculteurs, producteurs et
artisans pêcheurs", a aussi indiqué M. Graziano.
Concernant la ruée sur les terres cultivables, sans la dénoncer complètement, la FAO a
demandé aux Etats de se prémunir contre "les risques que les transactions à grande
échelle de droits fonciers sont susceptibles de présenter".
Pour cela, l'organisation de l'ONU préconise pour les Etats d'"édicter
des règles transparentes concernant l'échelle, la portée et la nature des transactions
autorisées et définir ce qui constitue, sur leur territoire, une transaction à grande
échelle".
Depuis plusieurs années, les ONG dénoncent l'impact globalement négatif de la course à
la terre dans les pays pauvres, en Afrique et Asie notamment. Les chercheurs estiment que
plus de 200 millions d'hectares de terres, soit environ huit fois la taille du
Royaume-Uni, ont été vendus ou loués entre 2000 et 2010, souvent au détriment des
populations locales.
Les ONG ont applaudi l'adoption du document, louant l'implication de la société
civile dans son élaboration.
"Ces directives sont très positives, elles vont contribuer à une distribution plus
juste de la terre, des forêts et des zones de pêche", a confié à l'AFP Angel
Strappazzon, du mouvement paysan international La Via Campesina. Mais "il est urgent
que les gouvernements les utilisent pour adopter des législations obligatoires",
a-t-il recommandé.
Moins enthousiaste, Stéphane Parmentier d'Oxfam: "ce qui manque dans le texte,
c'est une condamnation claire de l'accaparement de terres et d'autres
ressources naturelles".
"L'adoption de cette directive est un premier pas, une avancée notable mais il ne
faut pas en rester là", a également estimé Renée Vellvé, cofondatrice de Grain. Clara
Jamart d'Oxfam France a regretté que "les Etats n'aient pas obligation
d'appliquer ces mesures".
Autre bémol pour les ONG: le texte occulte le problème des ressources en eau pourtant
primordial pour la sécurité alimentaire
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