Pisciculture : Le barrage n°3 ensemencé
lundi 6 octobre 2008.
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Les alevins en bassin enclos augmenteront le potentiel du barrage en
poisson.
Le ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources
halieutiques a procédé, vendredi 3 octobre 2008 à l’empoissonnement
du barrage de Tanghin, au secteur n°3 de Ouagadougou.
Environ 300 kg d’alevins ont été mis dans le bassin en clos du
barrage n°3 de Tanghin à Ouagadougou, vendredi 30 octobre 2008. Ainsi
ensemencé, le bassin d’une capacité de 400 m2 devrait donner quatre à
cinq tonnes de poissons dans sept ou huit mois. Toute chose qui
contribue au renforcement de la faune ichthyenne.
L’opération a été pilotée par le ministère de l’Agriculture, de
l’Hydraulique et des Ressources halieutiques avec au premier plan, le
chef du département, Laurent Sédégo. Celui-ci a expliqué que
l’activité piscicole est économiquement rentable pour le Burkina Faso
eu égard à l’énorme potentialité hydrique du pays, aux revenus
qu’elle procure aux pêcheurs et à son apport à la préservation et
protection de l’environnement. En effet, a-t-il soutenu, les nombreux
barrages, plus de 1500 dont 600 pérennes construits dans le cadre de
la politique de maîtrise des eaux de surface se prêtent bien à
l’aquaculture. Et le ministère en charge des Ressources halieutique
envisage d’exploiter ses sites potentiels grâce à la pisciculture en
bassin enclos, ce qui permettra d’augmenter l’offre de poisson, en-
dessous de la demande nationale.
Il va donc initier les acteurs de la pêche, en l’occurrence les
pêcheurs à cette nouvelle technique. M. Sédégo a indiqué, qu’ils
seront outillés à cet effet, afin de pouvoir réaliser leur bassin et
contribuer à l’empoissonnement des barrages et autres retenues d’eau,
cela dans leur propre intérêt. Mais pour le moment, leur rôle
consiste à surveiller, entretenir les bassins enclos et déverser la
nourriture aux alevins.
"Nous devons éloigner les prédateurs de poissons des enclos pour
éviter qu’ils ne les détruisent, " a confié le président de la
Fédération pour la filière pêche, Robert Kafando. Il a salué le
travail abattu par le ministère en charge des Ressources halieutiques
pour soutenir et développer la filière pêche. Pour lui la technique
du bassin enclos vient à point nommé pour combler la baisse de la
faune ichtiyenne et améliorer l’activité des pêcheurs puisque à terme
ces derniers pourront augmenter leur production et par voie de
conséquence, leur revenu.
Ceux-ci, selon leur représentant, sont par ailleurs confrontés au
manque de matériel de pêche. Le directeur des Ressources
halieutiques, Idrissa Zampaligré, a situé le contexte de l’opération,
en ces termes : "Il s’agit d’une phase pilote qui va concerner une
quinzaine de sites d’eau". Le système d’élevage en bassin enclos, de
son avis, permet une meilleure exploitation des eaux de pluies ainsi
que l’entretien des plans d’eau à travers le curage des surfaces
occupées.
Des résultats satisfaisants
Il ressort de ses propos qu’il est possible de réaliser plusieurs
enclos de pisciculture en fonction de l’étendue du site d’eau et les
risques de déperdition sont réduits comparativement à la pisciculture
en cage. Le coût de réalisations des bassins enclos est d’environ 750
000 F CFA. Dix unités-pilotes ont été installées en 2007 dans
différentes régions du Burkina Faso. Les populations desdites régions
ont participé activement à la réussite de la pisciculture pour avoir
compris son importance.
Ainsi a-t-on enregistré des taux de croissance compris entre 0,6 à
1,5 g par poisson et par jour, dans un intervalle de cinq à huit
mois. Les alevins étaient nourris de son produit agricole, de déchets
de brasserie ou de cuisine, consolidés avec un faible apport
d’aliments industriels. Leurs poids de départ se sont multipliés plus
de dix fois.
A Ouahigouya par exemple, les alevins de 15 g introduits dans les
bassins enclos sont devenus des poissons de 250 à 300 g. Le concept
de pisciculture en bassin enclos a été imaginé pour mieux adapter le
système d’aquaculture au contexte climatique de pays sahélien comme
le Burkina Faso, à l’hydrologie des plans d’eau et à l’environnement
socio-économique.
Le ministre Laurent Sédégo a, à cette occasion d’empoissonnement,
visité le Centre d’approvisionnement des produits de pêche (CADIPP).
Les responsables du Centre se sont chargés de lui présenter leurs
activités, les différents locaux et leurs matériels de travail. Il a
assisté à l’enlèvement d’un lot de barres de glace produite par le
Centre. C’est sur des notes de satisfaction que le ministre a bouclé
sa visite, se disant disposé à recevoir les doléances des pêcheurs et
à écouter leurs préoccupations dans un cadre bien organisé.
Séraphine SOME (serasome(a)yahoo.fr)