Pour alimenter le débat, vous trouverez
ci-attaché, un point presse récent sur le rapport
qui a été remis à au gouvernement français
concernant "les cessions d'actifs agricoles à des
investisseurs étrangers dans les PED".
Vous en souhaitant bonne lecture,
Amicalement,
JF Baroiller
At 08:51 15/07/2010, you wrote:
Bonjour,
Suite au récent message posté sur la liste, je
vous propose un débat extrait du site web
http://farmlandgrab.org/14283, qui montre deux
points de vue qui s'opposent sur la question. Je
rappelle aussi le récent rapport publié par la
FAO/IIED/FIDA (en anglais) sur les modèles
économiques qui pourraient permettre aux petits
producteurs de tirer profit des gros
investissement agricoles (« Accaparement des
terres » ou opportunité de développement ?):
http://www.fao.org/docrep/012/al297e/al297e00.pdf
Le rapport est en anglais mais en cliquant sur
les liens ci-dessous, vous trouverez une
communication en français de l'un des auteurs,
Lorenzo Cotula ainsi qu'une note synthétique de l'IIED:
http://tetis.teledetection.fr/index.php?option=com_docman&task=doc_down…
http://www.iied.org/pubs/pdfs/17069FIIED.pdf
Bien amicalement
Lionel
Faut-il ouvrir les terres africaines aux investisseurs agricoles étrangers ?
Je vous propose un débat interessant entre deux
économistes africains, James Shikwati, directeur
de lInter Region Network au Kenya, qui publie
AfricanExecutive.com et Franklin Cudjoe,
directeur du think tank IMANI au Ghana et
rédacteur
dAfricanLiberty.org, autour de la
question de savoir si les terres africaines
doivent être ouvertes à des baux pour être
cultivées par des investisseurs étrangers.
Largument est que cela pourrait faire reculer la faim en Afrique.
***************************
James Shikwati : Les Pays riches utilisent la
famine pour prendre les fermiers africains en otage
Un délégué lors dune récente réunion des
Propriétaires Européens a posé la question : «
Est-il déplacé davoir des fermiers européens
qui sinstallent dans les pays pauvres pour y
nourrir ceux qui ont faim ? ». Envoyer des
fermiers mercenaires en Afrique sous les guises
de la lutte contre la faim est totalement
déplacé. La famine est utilisée pour détenir le
« milliard le plus pauvre » de lAfrique en otage par les nations riches.
Les économies développées et émergeantes sont
prêtes, une fois encore. La Corée du Sud lorgne
sur un million dhectares à Madagascar ; le
Qatar cherche 100 000 hectares au Kenya ;
lArabie saoudite vise 9000 hectares au Soudan ;
une firme basée à New York voudrait louer 400
000 hectares au sud Soudan ; une firme
britannique a acheté 45 000 hectares en Tanzanie
; une firme suédoise négocie un bail pour 100
000 hectares et la liste continue
Tout cet accaparement cupide de terres passe
sous des qualificatifs aseptisés tel qu «
investissement étranger » ou encore «
développement de terres pour accroître les
rendements ». La réinvention de lancienne
stratégie coloniale qui vint en Afrique au nom
de la « civilisation » et aujourdhui au nom du
défi de la famine, ne permet pas de répondre à
la question de léchec des africains à nourrir
eux-mêmes leur continent en premier lieu.
Il y a des cas où les communautés avec des
technologies de culture supérieures louent les
terres à lEtat sur le continent. Mais on ne
reconnaît pas les conflits entre les communautés
et leur Etat, qui ont mené à ces larges
parcelles de terre « oisive ». Dans les cas où
les propriétaires africains louent la terre, les
analystes ne cherchent pas à savoir pourquoi les
banques internationales sont promptes à financer
les extérieurs avec des prêts agricoles pour «
nourrir » lAfrique et produire des
biocarburants, plutôt que de financer les entrepreneurs locaux.
Les baux extérieurs dans les pays pauvres
traitent le symptôme plutôt que la maladie
elle-même. Par exemple en Afrique les baux sont
négociés avec des organisations, cest à dire
les Etats, qui nont jamais été réformé pour
atteindre une légitimité auprès de leur
administrés. De tels accords de bail ne
répondent pas aux problématiques des fermiers,
en particulier pourquoi les fermiers dans les
pays pauvres ne peuvent produire de manière
concurrentielle pour se nourrir eux-mêmes et le
reste du monde. Envoyer des fermiers mercenaires
revient à perpétuer lidée préjudiciable que
ceux qui possèdent déjà assez doivent posséder
plus et que ceux qui ne possèdent que peu doivent le céder.
LEurope, les USA, le Japon parmi dautres, ont
reçu une série de pétitions sur limpact négatif
de leurs subventions agricoles sur lagriculture
africaine. Depuis les indépendances, les prix
pour les produits africains, des denrées
agricoles aux minerais, ont toujours été fixés
par les pays occidentaux, influençant ainsi
grandement la quête pour une croissance durable,
pour une valeur ajoutée africaine et un pouvoir
de négociation. Les décideurs politiques
occidentaux ont rappelé ces cinq dernières
décennies aux Africains la faiblesse du
leadership sur le continent. Quelle élément fait
soudain supposer aux dirigeants occidentaux que
les lAfrique sest enfin dotée des bons
dirigeants pour négocier ces terres avec leurs fermiers ?
Cet élan dacquisition de terres africaines pour
nourrir les populations des économies émergentes
obscurcit le fait que la famine sur le continent
est un problème artificiel. Les élites des pays
développés et émergents pactisent avec les
élites africaines qui ne voient que le court
terme pour déposséder les fermiers africains de
la possibilité de nourrir eux-mêmes le
continent. Les fermiers africains sont privés de
financements et de technologies, et rendus
esclaves de régimes commerciaux injustes qui
leur rendent difficile laccès aux marchés
nationaux, régionaux et internationaux.
La quête de location des terres africaines
prouve quil existe une demande importante pour
le produit agricole du continent. Il est
impératif que les Etats africains prenne
lavantage de cela, non pas en louant la terre à
des extérieurs, mais en fournissant un cadre
institutionnel permettant daccroître la
productivité du secteur agricole africain. Il
est aussi extrêmement urgent de revoir ces
politiques foncières héritées des Etats
coloniaux de manière à donner le pouvoir aux
africains dutiliser leur terre pour leur profit et celui du reste du monde.
Leffet de court terme de ces baux aux
extérieurs sera de générer des revenus pour le
maintien des élites politiques. Leffet de long
terme sera de conserver le viol psychologique
dans lesprit de lafricain, qui lui a, depuis
plus de cinq siècles, fait croire quun africain
na pas les capacités de se confronter aux défis
quotidiens. EN dernière analyse, cette folie des
baux aux extérieurs prépare le continent à une
autre étape dépisodes violents, alors que la
citoyenneté du contiennent demeure spectatrice du marché.
James Shikwati, directeur de lInter Region
Economic Network, Kenya,
AfricanExecutive.com.
***************************
Réponse à James Shikwati par Franklin Cudjoe
Dans son dernier article, James Shikwati tente
déclipser une compréhension de base de ce qui
incite les populations à investir dans une économie.
M. Shikwati assume une position
conspirationniste qui naide pas vraiment ce qui
aurait dû être son principal argument qui est
que « il est impératif que les Etats africains
prenne lavantage de cela, non pas en louant la
terre à des extérieurs, mais en fournissant un
cadre institutionnel permettant daccroître la
productivité du secteur agricole africain ».
Accroître la productivité en agriculture
signifie aussi la capacité dentreprendre à
grande échelle et non la vie agricole paysanne
voire nomade dont nous faisons lexpérience
depuis la nuit des temps. Or, premièrement, les
locaux nont pas le type de financement pour
faire cela et leurs propres Etats saffairent à
constituer des goulots détranglement par
exemple par les difficultés à obtenir des actes
de propriété, qui clairement empêchent
dutiliser les terres comme hypothèque pour des
prêts bancaires. Lorsque les prêts bancaires
existent, les taux dintérêt, réglementés, sont
prohibitifs. A ce jour 60 000 litiges fonciers
attendent dans les tribunaux du Ghana, parfois
depuis plus de dix ans. Cela a des chances de
faire fuir les investisseurs du secteur agricole
! Lagriculture contribue à 40 % du PIB du
Ghana, sans doute je pense parce quelle emploie
70% des Ghanéens, la plupart des paysans qui
font usage de méthodes basiques de culture mais
totalisant 6 % des prêts à lagriculture. Et à
en croire certains chiffres, le reste de
lallocation de ces prêts napporte pas grand
chose : nous importons toujours 40 % du riz et des volailles.
Sans doute James Shikwati appelle-t-il lEtat à
mettre de côté de nombreuses terres pour une
agriculture collectivisée. Nous avons pris cette
voie tortueuse il y a cinq décennies, avec les
résultats que lon sait. Imaginons le chaos au
Kenya si lEtat devait superviser la
redistribution des terres sachant quil na
pas encore récupéré des conflits postélectoraux
liés en grande partie à la question foncière.
En dehors de cela James Shikwati avertit les
propriétaires fonciers africains de se méfier
des étrangers prétendant vouloir nourrir les
affamés locaux. Mais ne vont-ils payer des
impôts et employer des locaux ? Voilà une
suggestion que Meles Zinawe en Ethiopie
saisirait au vol : il a soutenu que permettre
aux Ethiopiens de posséder leur terre leur
ferait la vendre aux multinationales. Il semble
avoir cependant oublié un principe élémentaire
de marché : cela demande un acheteur et un
vendeur à un prix sur lequel ils se sont
accordés. Si le prix en vaut la peine,
lacheteur doit avoir un projet pour rendre
cette terre rentable. Il ne faut alors pas
sétonner si lEthiopie dispose de 60% de terres
arables mais nen cultive que 10%. Et bien sûr
lEthiopie trouve laide alimentaire pratique
comme moyen pour contenir ses citoyens, en permanence dépendants de leur Etat.
Plutôt que de faire fuir les investisseurs,
pourquoi ne pas créer des accords selon lesquels
par exemple il doivent installer au niveau local
des usines de conditionnement agricole pour
ajouter encore de la valeur à leur produit.
Cargil et Nestlé au Ghana sont tenus de faire
cela avec notre cacao et ils trouvent la
solution acceptable. Et imaginons les effets de
ricochet simplement en termes demploi ! Mais
évidemment jimagine que cela ne pourra arriver
que lorsque la campagne quendossait à une
époque James Shikwati pour arrêter laide
internationale, génératrice de corruption et
dabsence détat de droit, sera entendue par les Etats occidentaux.
Franklin Cudjoe, directeur dIMANI, Ghana, rédacteur
dAfricanLiberty.org.
_______________________________________________
Sarnissa-french-aquaculture mailing list
Sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk
http://lists.stir.ac.uk/cgi-bin/mailman/listinfo/sarnissa-french-aquaculture
Dr J.F. Baroiller,
CIRAD-Persyst,
Dir. de l'UPR20 Aquaculture et gestion des ressources aquatiques
Campus International de Baillarguet
TA B-20/A, Bur.A18
34398 Montpellier cedex 5
France
(: 33.(0)4.67.59.39.51 (ligne directe); 33.(0)4.67.59.39.05 (sec)
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