Bonjour Salomon,
Tu suis le master aquaculture ULG de Charles Mélard ?
Ceux qui sont intéressés peuvent consulter cette page sur l'obtention de bourses pour
étudier à l'ULG :
Bien amicalement
Lionel
Le 9 sept. 2010 à 17:37, hinnoude salomon a écrit :
Salut Lionel, salut à tous,
Juste pour partager avec les membres du forum que je suis bien arrivé à
Liège dans le cadre de ma formation. Les cours démarrent le mardi prochain
et j'espère bien bénéficier du soutient des membres du forum afin de bien
réussir.
Bien cordialement,
Salomon
-----Message d'origine-----
De : sarnissa-french-aquaculture-bounces(a)lists.stir.ac.uk
[mailto:sarnissa-french-aquaculture-bounces@lists.stir.ac.uk] De la part de
Lionel Dabbadie
Envoyé : jeudi 9 septembre 2010 15:07
À : Liste Sarnissa
Objet : [Sarnissa] Voici les raisons de la pénurie du poisson chinchard au
Burkina
http://www.africatime.com/burkina/nouvelle.asp?no_nouvelle=549009&no_ca…
ie=
Depuis quelques semaines, le poisson chinchard ou poisson d’Abidjan a
disparu des assiettes. Un nouveau poisson de la famille du mérou l’a
remplacé sur le marché. Dans les assiettes des ménages, ce changement ne
passe pas bien. Malgré elles, les familles consomment ce nouveau poisson que
leur imposent pratiquement les importateurs. Nous avons voulu en comprendre
davantage à travers cette interview que nous a accordée Harouna Dia,
promoteur des poissonneries Dia, un des gros importateurs de la place.
Vous êtes un des principaux distributeurs de poisson au Burkina, qu’est-ce
qui explique cette pénurie du poisson chinchard et cette invasion dans le
même temps du mérou ?
Le nouveau poisson dont vous parlez est de la famille du mérou. Il est de
chair blanche et sans écailles. C’est un poisson dit noble. Il est
effectivement différent du poisson chinchard, appelé encore poisson
d’Abidjan. Ce poisson- là est la seule espèce adoptée et consommée au
Burkina depuis 20 ans. Et dès qu’il manque, on dit qu’il n’y a pas de
poisson. Sa commercialisation était stable pendant tout ce temps.
Aujourd’hui, nous avons des contingences sur le marché mondial. Nous avons
principalement deux contraintes. Il y a le premier qui est bien connu de
tous, ce sont les changements climatiques qui affectent la reproduction et
la migration du poisson qui suivent les courants marins et se reproduisent
dans des cuvettes bien déterminées. Donc, tout ce qui affecte les
températures affecte également le milieu marin. La deuxième contrainte est
la pression sur les ressources du fait de la croissance de la demande. Les
poissons sont des ressources tarissables. On a l’exemple de nos barrages qui
étaient très poissonneux, il y a quelques années. Actuellement, nos carpes
d’eau douce sont très rares. Elles coûtaient à peine 300 F CFA le kilo. On
est loin de ce prix aujourd’hui. Des pays comme le Ghana et la Côte d’ivoire
qui étaient d’importants producteurs de poisson en importent aujourd’hui du
fait de la rareté des ressources dans leurs eaux. Dans quelques années, ne
soyez pas surpris de voir un pays comme le Sénégal importer du poisson. Le
poisson est en en voie de disparition, c’est un fait et les pays d’Asie qui
l’ont compris sont en train de développer la pisciculture comme alternative.
Un pays comme le Chili injectait, bon an mal an, 300 000 tonnes de poisson
sur le marché africain. Avec le tremblement de terre qu’il a subi, il n’a
pas pu honorer son offre. Il n’a mis sur le marché que 100 000 tonnes. Il y
a donc un gap et tout le monde s’est rabattu sur le Nigeria et la
Mauritanie. Ce dernier pays est en difficulté et avec la crise financière,
il n’y a pas assez d’armateurs. Pour nous importateurs, c’est la course aux
poissons et les exportateurs en profitent pour monter les prix, puisque le
poisson devient rare. La concurrence se fait désormais au niveau de l’achat.
Si tu hésites de prendre, un autre pays te devance. C’est devenu comme cela.
Nous sommes désormais dans une logique d’enchères. Il faut craindre que le
commun des Burkinabè n’arrive plus à s’offrir ce poisson qu’il aime tant, le
chinchard. Il atteint des niveaux de prix jamais égalés.
A quel prix le vendez- vous actuellement ?
Le kilo en gros a été majoré de 100 F CFA, c’est beaucoup selon certaines
personnes, mais pour un poisson dont le prix depuis 20 ans est resté stable,
nous pensons que c’est peu. Parce que si on appliquait la réalité des prix,
ce serait plus que 100 F FCA. Le plus dur reste à venir. Le mérou est à 450
F CFA le kilo.
Pourquoi n’appliquez- vous pas la réalité des prix ?
Sentant venir la pression sur le marché, nous avons constitué des stocks
pour passer l’année. Comme je vous l’ai dit tantôt, le plus dur reste à
venir. Par anticipation, nous avons également cherché sur le marché du
poisson quelle espèce a les mêmes caractéristiques que le chinchard : sans
d’écaille et avec peu d’arêtes. Il est de la famille des mérous et nous
l’avons acquis en Irlande. Nous l’avons eu à un bon prix qui permettait de
le vendre moins cher que le chinchard avant la crise. Avec ces deux espèces
sur le marché, nos clients ont le choix. Ceux qui veulent toujours consommer
le chinchard vont débourser un peu plus d’argent et ceux qui ne peuvent pas,
peuvent se rabattre sur le mérou qui est un poisson de qualité pas des
moindres.
Vous l’avez mis sur le marché, il y a quelques temps de cela, comment se
comporte t-il ?
Pour les besoins de promotion, nous n’avons pas mis tout de suite nos stocks
de chinchard sur le marché, histoire de faire découvrir le mérou à nos
clients. C’est de cette façon que nous avons pu recueillir les réactions de
la clientèle. Il s’achète parce que son prix correspond au pouvoir d’achat
des populations. Il est vrai que les impressions sont divergentes sur ce
poisson.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les réactions des gens ?
Vous savez, les gens ne connaissent que le poisson d’Abidjan. Ils n’ont
jamais vu ce poisson-là. Il y a eu des théories selon lesquelles ce n’était
pas du poisson. Ce poisson est un poisson noble, contrairement au poisson
d’Abidjan qui est un peu acide et dont personne n’en voulait au début. Pour
la petite histoire, ce sont les Russes qui se sont battus pour le maintenir
sur le marché africain. Celui-là , c’est un poison européen, produit et
conservé selon les normes européennes et de meilleure qualité
nutritionnelle. Il y a des gens qui l’ont adopté, tout dépend de comment on
le prépare ou on l’assaisonne pour la cuisson. A Ouagadougou, il est bien
vendu, dans les grands centres comme Kaya, Kongoussi et un peu à Ouahigouya.
Par contre, dans les villages, il passe plus facilement parce que ce n’est
pas toujours la même façon de préparer le poisson. Malheureusement, il y a
les conservateurs, les gens qui préfèrent leur traditionnel chinchard. Si on
s’en tient à cette volonté, il est clair que tout le monde ne pourra pas
consommer du poisson à long terme. Notre stratégie est de permettre aux gens
de consommer selon leurs ressources. Il y a certes une différence de goût,
mais il faut que les Burkinabè retiennent que ce poisson est un poisson de
qualité.
Commercialement parlant, le mérou s’écoule–t-il bien ?
Oui, mais pas au prix que nous pensions. Il est à 450 F CFA le kilo
contrairement au chinchard qui se vend à 700 francs le kilo. Pour nous,
c’est presqu’ un cadeau à ce prix-là parce que le Nigeria est venu tout
rafler sur le marché juste après parce que ce pays a 100 millions
d’habitants à nourrir. Nos projections s’étendaient jusqu’en février pour
tenir le coup et éviter une forte tension sur les prix. Nous avons combiné
nos stocks en commandant le mérou et le chinchard. Avec la pression sur les
ressources halieutiques, la tendance est à la diversification des offres à
la clientèle. C’est ce que nous essayons de faire. Je comprends ceux qui
sont dépaysés par le goût, qui ne se retrouvent plus dans leurs assiettes.
Malheureusement, il faudra commencer à s’y habituer. Nous comptons sur les
femmes pour faire rentrer ce poisson dans les habitudes alimentaires de la
population.
Comment se portait le commerce du poisson avant cette crise ?
On dirait bien. Le poisson est devenu au fil des ans un produit de grande
consommation. Malheureusement, on constate une baisse de la consommation
parce que les prix flambent un peu partout à cause des raisons que j’ai
évoquées plus haut. Notre problème, c’est la diminution des ressources alors
que la demande ne fait que s’accroître. En tant qu’importateurs, nous
faisons attention à ne pas faire venir du poisson hors de portée des
clients. Nous avons l’expérience et le recul nécessaire pour cela, surtout
quand il s’agit d’introduire une nouvelle espèce de poisson.
Il y a par exemple l’introduction de l’espèce chinchard du Chili. Les
consommateurs étaient très réticents au départ. Mais après, tout le monde
s’est adapté. Quand nous avions introduit le maquereau, les gens ont dit que
c’était un serpent. Aujourd’hui, il se vend sans problème. En matière de
goûts, les habitudes sont difficiles à faire changer, je le reconnais. C’est
plutôt psychologique et surtout une question de temps. Il faut que les gens
comprennent qu’il faut avoir l’esprit ouvert. Nous allons chercher le
poisson très loin et s’il n’est pas abordable pour la grande majorité de nos
clients tout en conservant la qualité requise, nous laissons tomber. Il ne
sert à rien de ramener une espèce de poisson que personne ne pourra
consommer ni acheter. Nous veillons à ce que le poisson qui est capturé en
Irlande soit consommé à Ouagadougou dans les mêmes conditions de capture au
niveau de l’assiette du Burkinabè sans qu’il soit altéré. C’est cela notre
métier. Il demande des investissements en chambre froide et en camion pour
maintenir la chaîne du froid. Ce qui n’est pas aisé dans un pays sahélien
enclavé, car nécessitant de la logistique et du temps.
Quelles sont vos perspectives avec la situation que vous venez de peindre ?
Notre priorité, c’est de stabiliser le marché afin que les gens continuent
de consommer du poisson. Nous veillerons à ce que les prix soient à leur
portée. Le défi pour nous, c’est de chercher, partout dans le monde, du
poisson à la portée de notre clientèle. Il y a douze ans, il y avait du
poisson mais pas de cette qualité que nous avons aujourd’hui. Quand nous
sommes arrivés, nous avons cassé les prix et c’est maintenant que le prix du
poison a atteint celui d’il y a douze ans.
Chinchard ou Mérou : à chacun selon ses moyens
Le Burkina, pays sahélien, est plus connu pour la qualité de la viande de
son bétail et ses fameux poulets bicyclettes. On y consomme en principe plus
de viande. Mais depuis une dizaine d’années, les Burkinabè se sont mis aux
poissons grâce à l’importation, la production nationale étant faible. Pas
moins de 20 000 tonnes de poissons importés par an contre seulement 10 500 t
de production nationale. Ces chiffres qui datent de 2007 sont peut-être
dépassés aujourd’hui. La production nationale n’arrive pas à se maintenir
malgré de réels efforts pour structurer la pêche autour des principaux
barrages. Les carpes de Bagré ou de la Kompienga, très prisées sont devenues
des produits de luxe. La majorité des consommateurs se rabattent sur les
poissons surgelés, importés dont "le poisson d’Abidjan", le fameux Chinchard
qui se fait également rare ces jours –ci à cause de la demande croissante et
de la rareté de cette variété, à en croire Harouna DIA, un des principaux
importateurs du pays. Cette variété est la plus consommée dans les ménages.
Sans le dire directement, ce professionnel du secteur pense que les prix
sont susceptibles de grimper dans les mois ou années à venir. Les
consommateurs qui tiennent à leur poisson d’Abidjan devront y mettre le
prix, à défaut, il faudrait s’habituer à de nouvelles variétés. C’est ce qui
se passe actuellement avec la nouvelle variété de poisson importé d’Irlande.
Ce poisson est moins cher mais pour le goût, c’est le dépaysement garanti.
Les consommateurs ne l’apprécient guère. Mais pour les professionnels c’est
une attitude normale. L’adoption se fera avec le temps. Le poisson
représente une bonne source de protéine mais la consommation moyenne au
Burkina reste faible, soit 2,31 kg par an contre 16 Kg/an au niveau mondial.
Ce qu’en pensent les consommateurs
L’introduction d’une nouvelle variété de poisson, le mérou, au Burkina Faso
a provoqué une réaction des consommateurs. Nous avons promené notre micro et
voilà ce qu’ils en pensent.
Fatimata Soudré (vendeuse de riz à Koulouba) : Je préfère le chinchard car
c’est le poisson que mes clients aiment. Le jour où j’ai le mérou comme
poisson, les clients se plaignent et je fais moins de bénéfices. Le
chinchard est plus agréable, plus doux que le mérou. Le mérou ne ressemble
pas à du poisson, tu peux manger ce poisson sans être satisfait de son goût.
Les clients n’aiment pas le mérou même s’il est moins cher. En tout cas, je
préfère le chinchard car il m’apporte plus de bénéfices.
Madame Kabibi : J’aime bien manger le chinchard car c’est un poisson auquel
je suis habitué. Je ne connais pas le mérou. Moi, ma préférence est pour le
chinchard.
Madame Fatou Ouédraogo (étudiante) : Je préfère le mérou. J’ai eu l’occasion
de goûter les deux variétés et ma préférence est pour le mérou. Ce n’est pas
une question de prix mais une question de goût. Tout dépend de la préférence
de tout un chacun. J’utilise le mérou pour ma cuisine car il a un goût qui
m’enchante.
Mariam Ira (vendeuse d’attiéké à la Cité an II) : Des deux espèces de
poissons, je préfère le chinchard car il a un bon goût. Le mérou prend trop
de temps à la cuisson, il absorbe trop d’huile et il n’est pas facile à
cuire. Par contre, les clients préfèrent le chinchard. Le mérou est moins
cher mais les clients n’aiment pas son goût. Il se rétrécit à la cuisson.
Sarata Tapsoba (vendeuse d’attieké à Bons-Yaar) : Je préfère le chinchard
car tous mes clients aiment ce poisson. Le jour où il y a le mérou au menu,
certains clients achètent l’attiéké sans le poisson. Or, le poison non vendu
ne m’arrange pas. C’est pour cette raison que je préfère le chinchard car
c’est le meilleur poisson. C’est vrai que le mérou est moins cher
comparativement au chinchard mais les clients ne le paient pas. Or, pour
faire des bénéfices, il faut satisfaire les clients. Donc, je préfère
acheter le chinchard car, ne dit-on pas que le client est roi ?
Amidou Nana (gérant de poissonnerie au secteur 29) : Nous ne vendons pas le
mérou mais nous vendons le chinchard et la carpe comme poissons importés. Le
mérou est l’affaire des hôtels. Comme nous ne travaillons pas avec les
hôtels, nous ne l’achetons pas. Je n’ai pas encore mangé ce poisson donc je
ne peux le vendre à mes clients. Je ne peux vendre ce que je n’ai pas encore
consommé.
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Centre de Recherche Halieutique - avenue Jean Monnet - BP 171 - 34203 Sète
Cedex - France
Tél : +33 4 99.57.32.05
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