http://www.acdic.net/ACDIC/en/les-campagnes/zero-produit-importe/item/159-a…
/En 2011, les importations sont en hausse. 220 000 tonnes, 150
milliards de FCFA. Deux gros importateurs. La pisciculture locale est
morte. Plusieurs projets sont abandonnés./
Poisson importé tue la pisciculture locale
<http://www.acdic.net/ACDIC/en/les-campagnes/zero-produit-importe/item/159>
Même si nous sommes en avril, ce n'est pas le poisson d'avril. En
2011, le Cameroun a battu les records d'importations de poissons
morts. 220 000 tonnes pour une valeur de 150 milliards de FCFA. Enorme
! Une augmentation de 40% par rapport aux 153 000 tonnes de 2010.
h- importateurs de poissonsDeux importateurs se démarquent nettement
du lot. CONGELCAM qui se taille la part du lion avec 160 000 tonnes
pour 110 milliards, 73% à lui tout seul, suivi de QUEEN FISH CAMEROON
avec 26 000 tonnes pour 18 milliards ; 12% du total. Des importations
majoritairement en provenance de la Mauritanie et Chine avec
respectivement 80 000 et 22 000 tonnes ; 41 et 10% du total.
150 milliards de FCFA d'importation de poissons, c'est six fois le
budget annuel du Ministère de l'Elevage, des Pêches et d'industries
animales ; 26 milliards en 2012 (MINEPIA) ; dix fois le budget (15
milliards) que le pacte pour le Développement Rural propose pour
révolutionner la vie des 4,3 millions d'actifs agricoles par la
création des bassins de production, des pôles de promotions des
cultures vivrières et autres projets agricoles structurants.
i- importateurs de poissonsIncontestablement, les importations de
poissons au Cameroun se portent bien. Très bien d'ailleurs.
Malheureusement pour le malheur de la pisciculture locale : 80 000
tonnes il y a 7 ans, qui elle se meurt, et aussi le malheur du
consommateur qui paie plus chère le poisson dont la qualité n'est pas
assurée.
Une mort qui ne saurait être étrangère au MINEPIA, département
ministériel en charge de la promotion de cette activité.
Le milieu rural camerounais foisonne de projets piscicoles moribonds
ou tout simplement abandonnés.
La station aquacole de Yaoundé, juste en contre bas du campus de
l'université de Yaoundé I qui avait pour mission à sa création
d'approvisionner les pisciculteurs des environs en alevins et dont la
production en 1993 avoisinait les 40.000 alevins de tilapia et 7000
alevins de carpe est tombée pratiquement en ruine. Sur 14 étangs au
départ, à peine 2 sont encore fonctionnels. Le centre de recherche
aquacole participative qui s'y trouve ne paie pas de mine. C'est à
peine si on croirait que des gens travaillent dans cet environnement
qui ressemble plus à champ de ruine technologique qu'à un vrai
laboratoire.
Dans la région du Sud, un autre spectacle désolant vous attend à
Avoundi, une trentaine de kilomètres d'Ebolowa. Le projet piscicole
d'Avoundi inauguré ce 14 avril 2005 par le ministre de l'Elevage, des
Pêches et des Industries animales d'alors, le Dr Aboubakari Sarki,
d'un coût d'environ 500 millions n'existe plus. Mort prématurément six
ans juste après sa création. Et pourtant il ambitionnait de
ravitailler en alevins toute la région du sud, voire les pays voisins.
Marcelin Mballa, pisciculteur resté au village, voyait en ce projet
une révolution dans l'approvisionnement en poisson de la ville
d'Ebolowa, de Yaoundé et des marchés des pays voisins tels Libreville
au Gabon ou Malabo en Guinée Equatoriale.
Le rêve de Marcellin s'est laissé envelopper par les herbes, similaire
dans plusieurs projets piscicoles nationaux. Pour le bonheur des
importations de poissons morts et le malheur de la pisciculture
locale. Quel gâchis !
--
Dr Olivier Mikolasek
UMR 110 Intrepid
INTensification Raisonnée et Ecologique pour une PIsciculture Durable - Persyst
Cirad - La Recherche agronomique pour le développement
TA B-110/B
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