Le 24 févr. 2010 à 18:53, DUPUY Christophe a écrit :
Lá Lionel je suis certain que tu as deux trois idées
... L'Afrique et particulièrement la Côte d'ivoire (pay de notre enfance la,la,la
!!) tu la connais bien, non ?
Bonjour Christophe,
Tu m'interpelles, mais c'était il y a longtemps, hélas, la Côte d'Ivoire !
Quant au pays de mon enfance, moi je suis sénégalais ! :-) Si je devais commenter de
manière décousue le débat, je dirais:
1. Je trouve cette discussion très intéressante, notamment au niveau de la confrontation
inter-culturelle constructive entre les aquaculteurs des deux continents. Je suis en Asie
(Philippines) depuis plus de 4 ans et ce qui est frappant ici, c'est l'incroyable
faculté d'adaptation permanente des entrepreneurs aquacoles en fonction des évolutions
du marché. Les mots-clés "flexibilité" et "orienté client" font partie
du comportement normal des producteurs et je comprends donc vraiment bien les
interrogations d'Aji sur le tilapia. Par exemple, j'ai beaucoup travaillé dans la
principale zone de production de crevette Black tiger des Philippines (le delta de la
Pampanga). Il s'agit d'une zone de production extensive. Et bien la dernière fois
que j'y étais, il y a 2-3 mois, beaucoup étaient entrain d'abandonner la crevette
extensive pour faire du milkfish intensif parce que le rendement financier (survie x prix
de vente) penchait en faveur de ce dernier. Mais si ça se trouve, lors du prochain cycle,
ce sera du tilapia intensif ou de la crevette en polyculture ou du pangasius etc.: il
n'y a pas de "dogme". Il va sans dire que derrière ce comportement, il y a
toute une structure d'appui, de réseau, d'information, de communication, de lobby
etc. bien implantée et redoutablement efficace. A l'inverse, dans la Côte d'Ivoire
d'il y a 15 ans (mais c'est probablement généralisable), il existait une veritable
de pesanteur pour ne pas dire un dogme autour des choix techniques qui ne devaient en
aucun cas être remis en cause. Par exemple, certains s'affrontaient de manière
virulente pour savoir s'il fallait ou non mettre une compostière dans l'étang ! Je
trouve donc vraiment intéressant de lire cette nouvelle approche africaine, flexible,
mieux organisée (nouvelles associations de pisciculteurs) et orientée vers le client pour
les fermiers et vers l'utilisateur pour les scientifiques (cf message de Will
d'hier: "The workshop particularly emphasized the importance and value of forming
public/private/commercial partnerships and also critically relating research proposals
towards end users"). C'est vraiment intéressant et porteur de promesses.
2. Le crabe: c'est une source de revenu majeure en polyculture extensive de crevettes
aux Philippines. Peut représenter en valeur jusqu'à 60% de la production d'un
étang de polyculture (monodon, chanos, tilapia, crabes). Par contre, c'est
principalement vendu sur le marché local ou dans les pays proches (Taiwan);
d'ailleurs, à propos de filières d'exportation, je constate actuellement un fort
regain d'intérêt pour les marchés locaux. L'empreinte écologique n'y est peut
être pas étrangère, de même que la difficulté pour des pays commes les Philippines de se
confronter à des pays comme le Vietnam sur les marchés internationaux.
3. Autres formes d'aquaculture: une des filières qui a littéralement explosé ces
dernières années aux Philippines, c'est la production de macro-algues, même si la
production a fortement chuté ces derniers temps. Elle est essentiellement le fait des
communautés pauvres. Maintenant, les usines de traitement manquent de matière première.
L'Indonésie est dans la même situation et ne veut plus exporter sa production vers les
Philippines. Je ne sais pas si vous avez consulté la page de veille de sarnissa, mais
certaines entreprises philippines envisagent des partenariats avec l'Afrique
(notamment Madagascar). Est-ce une nouvelle piste ?
4. Concernant les aspects sanitaires et qualité des produits, j'ai l'impression,
peut être fausse, que les asiatiques bénéficient de beaucoup plus d'appui des
structure régionales comme le NACA ou la FAO sur la gestion sanitaire des mouvements
internationaux d'organismes aquatiques vivants, ou sur les bonnes pratiques de
managements des structures aquacoles (certification de la qualité, contrôle qualité etc.).
Est-ce que je me trompe ? Et si non, pourquoi ?
Bien amicalement
Lionel
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