D'après la FAO, le changement climatique aura un
impact profond sur la pêche & sur l'aquaculture
Les variations de température et d'autres
éléments résultant du changement climatique
auront un impact profond sur la pêche et
l'aquaculture, avec des conséquences
significatives sur la sécurité alimentaire pour
certaines populations, selon la FAO.
Cette mise en garde a été lancée à l'ouverture
d'un colloque scientifique de quatre jours sur le
changement climatique et la pêche marine, qui
s'est tenu à Rome du 8 au 11 juillet 2008.
Niveau important de vulnérabilité
La pêche de capture est fondamentalement
différente d'autres systèmes de production
alimentaire dans ses liens et ses réactions au
changement climatique et les effets sur la
sécurité alimentaire qui en résultent, selon la FAO.
A la différence de la plupart des animaux
terrestres, les espèces animales aquatiques
utilisées pour la consommation humaine sont
poïkilothermes, ce qui signifie que leurs
températures corporelles varient selon les températures ambiantes.
Tout changement de température de l'habitat
influence de manière significative leur
métabolisme, leur taux de croissance,
productivité, leur reproduction saisonnière et
leur susceptibilité aux maladies et aux toxines.
Impacts déjà ressentis
Les impacts du changement climatique sur la pêche
et l'aquaculture déjà observés sont énumérés ci-après:
Dans les eaux marines, les évolutions et les
événements climatiques extrêmes augmenteront en
fréquence et en intensité, avec le plus connu de
ces derniers, le phénomène El Niño dans le Pacifique Sud.
Le réchauffement continu des océans de la planète
est susceptible de se poursuivre, mais avec des
différences géographiques et une certaine
variabilité. Le réchauffement est plus intense
dans les eaux de surface, mais il n'est pas
exclusif à ces dernières: l'océan Atlantique
montre notamment des signes clairs de réchauffement des eaux profondes.
On a déjà observé des changements de répartition
de poissons dus aux variations climatiques,
impliquant généralement une expansion vers les
pôles des espèces qui vivent dans les eaux
chaudes et une contraction de celles vivant dans les eaux froides.
Des variations de la salinité des océans sont
constatées, avec une augmentation de la salinité
des eaux de surface dans les régions les plus
exposées à l'évaporation de la plupart des
océans, alors que les zones marines dans les
latitudes élevées enregistrent une baisse de la
salinité due à des précipitations et des
écoulements plus importants, à la fonte des
glaces et à d'autres événements atmosphériques.
Les océans deviennent aussi plus acides, avec des
conséquences négatives probables sur de nombreux
récifs coralliens et les organismes quils abritent.
Implications pour la sécurité alimentaire
Bien que de grandes différences régionales
existent, le monde de la pêche pourrait être
profondément bouleversé, indique la FAO.
Pour les communautés qui vivent de la pêche,
toute diminution de la disponibilité locale ou de
la qualité des poissons ou toute accentuation de
l'instabilité de leurs moyens dexistence posera des problèmes très graves.
Les communautés de pêcheurs situées dans les
latitudes élevées et ceux qui dépendent de
systèmes susceptibles d'évoluer sous l'influence
du climat, tel que le phénomène de lupwelling
(terme anglais désignant la remontée des eaux
froides profondes, riches en nutriments, vers la
surface de l'océan) ou les récifs coralliens,
auront la plus forte exposition aux impacts liés au climat.
En outre, les communautés de pêcheurs situées
dans les deltas, sur les atolls coralliens et les
côtes recouvertes de glace seront
particulièrement vulnérables à l'élévation du
niveau de la mer et aux risques associés aux
inondations, à l'intrusion du sel et à l'érosion côtière.
Les pays aux capacités limitées d'adaptation aux
changements climatiques, même s'ils sont situés
dans des secteurs à faible risque, sont également vulnérables.
Cependant, la FAO estime que, pour les
communautés qui dépendent de la pêche, les
impacts des changements physiques et biologiques
liés au climat seront aussi variés que les changements eux-mêmes.
Des impacts négatifs et positifs sont probables,
selon les circonstances locales et selon la
vulnérabilité et la capacité d'adaptation des communautés affectées.
Un secteur clé en danger
Tant au niveau local que mondial, la pêche et
l'aquaculture jouent un rôle crucial en
fournissant de la nourriture et des revenus.
Environ 42 millions de personnes travaillent
directement dans le secteur, la grande majorité dans les pays en développement.
En prenant en compte celles qui travaillent dans
des industries associées de traitement, de
commercialisation, de distribution et
d'approvisionnement, la filière pêche procure des
moyens d'existence à plusieurs centaines de millions de personnes.
Les aliments issus de la mer ont une qualité
nutritionnelle élevée, représentant 20 % ou plus
de la prise de protéines animales moyenne par
habitant pour plus de 2,8 milliards de personnes,
la plupart dans les pays en développement.
Le poisson est également le produit alimentaire
le plus largement commercialisé et une source
majeure de recettes d'exportation pour nombre de
pays pauvres. Ce secteur a une importance
particulière pour les petits Etats insulaires.
Dans le cadre de l'attention croissante qu'elle
consacre aux effets du changement climatique sur
la pêche et l'aquaculture, la FAO a organisé, en
avril dernier, un atelier d'experts sur cette
problématique et ce, en prévision du Sommet de
juin 2008 sur la sécurité alimentaire, le
changement climatique, et les bioénergies.
Ce groupe de travail a élaboré un document
proposant une vue d'ensemble qui étudie ces
questions et les risques encourus, et propose des
actions possibles que les gouvernements et les
décideurs pourraient prendre pour commencer à s'adapter.
Le colloque de cette semaine doit approfondir et
élargir la connaissance scientifique sur la
manière dont le changement climatique affecte les
écosystèmes marins et les communautés qui en
dépendent. Il est coparrainé et coorganisé par la
FAO, Global Ocean Ecosystem Dynamics (GLOBEC) et
le réseau européen dorganismes scientifiques qui
se consacrent à létude de limpact des
changements climatiques sur les écosystèmes marins (EUR-OCEANS).
Dr J.F. Baroiller
CIRAD-Persyst,
UPR20 Aquaculture et gestion des ressources aquatiques
Campus International de Baillarguet
TA B-20/A, Bur.A18
34398 Montpellier cedex 5
France
(: 33.(0)4.67.59.39.51 (ligne directe); 33.(0)4.67.59.39.05 (sec)
Fax : 33.(0)4.67.59.38.25
* baroiller(a)cirad.fr
http://aquatrop.cirad.fr/
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