Cher Sidiki,
Merci beaucoup pour ton message !
Par ailleurs, je voudrais si possible avoir des
informations sur les 12 pays Africains concernés par la démultiplication des expériences
de Sanghaï. Auusi savoir les critères de sélection.
Les 12 pays concernés sont: Nigeria, Togo, Burkina, Ghana, Côte-d’Ivoire, Guinée, Liberia,
Sierra Leone, Gabon, Zambie, Malawi, et Kenya
Je ne connais pas les critères de sélection, mais je vais vérifier, je crois bien
qu'il y a des gens du projet Songhai sur Sarnissa. On pourra leur demander. En
attendant, je te remets l'article en intégralité, puisqu'il est en français.
Très amicalement
Lionel
Le Bénin, modèle du bio africain
http://www.wmaker.net/okili/Le-Benin,-modele-du-bio-africain_a615.html
Depuis 1985, le Centre Songhaï forme des agriculteurs à l’économie durable. Un succès qui
s’exporte.
«La meilleure manière de combattre la pauvreté, c’est de rendre les pauvres producteurs.»
Dans son bureau aux étagères chargées de livres, le père Godfrey Nzamujo résume son credo
avec un français impeccable. Ce prêtre dominicain, d’origine nigériane et de passeport
américain, est arrivé au Bénin en 1985 pour créer un modèle agricole alternatif : le
Centre Songhaï. «Je voulais construire une économie durable qui convienne à l’Afrique, une
économie basée sur la nature, raconte-t-il. Pour cela, il fallait amorcer de nouvelles
forces, développer le capital humain et la technologie.» Le gouvernement
marxiste-léniniste de l’époque lui alloue un hectare de terres à Porto-Novo, la capitale.
Vingt-quatre ans plus tard, Songhaï s’étend sur 17 hectares.
Le centre regroupe une immense exploitation bio (agriculture, élevage et pisciculture),
des sites de transformation de la production et une école. Une initiative modèle. Promu
«centre d’excellence pour l’agriculture» par les Nations unies, le modèle Songhaï va être
reproduit dans douze pays africains (1). Parce qu’il s’efforce de donner les moyens
techniques aux paysans de renforcer leur sécurité alimentaire. Et développe un
savoir-faire local qui vise à l’autonomie, évitant l’érosion des terres ou l’utilisation
d’engrais.
«énergie». Le lieu a des allures de fourmilière. Près de 400 employés s’y bousculent,
autant d’étudiants venus se former à l’agriculture durable. Car, dans cette ferme-école,
on applique un principe simple : rien ne se perd, tout se transforme. Nzamujo résume le
principe ainsi : «Dans la nature, il n’y a pas de perte, le végétal nourrit l’animal qui
nourrit le végétal. C’est efficace. En Afrique, on est mieux placés pour reproduire ce
cycle car la nature fonctionne douze mois sur douze. Elle nous bombarde d’énergie.»
L’élève-agriculteur consacre, lui, son énergie à un autre cycle. Produire, transformer et
commercialiser. Fabriquer ses machines en recyclant des métaux ou récupérer les déchets
agricoles. Jusqu’aux déjections animales.
Ainsi, certaines volailles sont élevées dans des abris sur pilotis pour récolter plus
facilement les fientes sous le plancher. Entassés sous de grandes branches de palmiers,
ces déchets servent à la fabrication du compost utilisé pour les cultures maison, ou
revendu par sacs de 50 kilos. Les eaux usées sont recyclées en passant dans des bassins
communicants couverts de jacinthes, une plante qui purifie l’eau. Des canaux acheminent
ensuite l’eau propre dans l’étang où sont élevés des milliers de poissons, nourris avec
des résidus agricoles. Après, les jacinthes sont ramassées. Mélangées à des excréments
d’animaux, elles se décomposent et donnent du biogaz utilisé pour les fours. Il y a aussi
quelques panneaux solaires. Importés. Donc chers.
Mais les rendements sont en plein boom. Songhaï produit par exemple six tonnes de riz par
hectare trois fois par an, contre moins d’une tonne par hectare une fois par an à ses
débuts. Les prix, compétitifs, sont obtenus avec des installations d’une simplicité
déconcertante. Le père Nzamujo, docteur en électronique, en microbiologie et en sciences
de développement, a conçu lui-même la plupart des outils et des machines. Les pièces sont
fondues et fabriquées sur place avec des débris métalliques. «Il faut que les producteurs
aient accès aux moyens de production. Cette technologie doit être simple, réfléchie, peu
coûteuse. Pas besoin de l’importer, on fait avec ce qu’on a.»
recette. Sur une des allées en terre, Tony, un solide Nigérian, pousse une brouette
remplie de sciure. Après deux ans et demi de formation pour un coût modique, il rentrera
bientôt chez lui, au Nigeria. «Je suis l’aîné, j’ai donc hérité des terres familiales. Je
vais créer une ferme. Avec ce que j’ai appris ici, je n’ai pas besoin de gros moyens.»
Grâce à un système de crédits, l’école soutient l’installation de ses élèves devenus des
entrepreneurs agricoles. En partie subventionné par des bailleurs internationaux, Songhaï
cultive son indépendance et génère un bénéfice d’un million de dollars (700 000 euros).
Mais réinvestis pour développer les capacités du centre et mieux s’émanciper de
l’assistanat.
Le gouvernement béninois l’a compris et veut s’appuyer sur cet exemple pour freiner
l’exode rural. Il va aussi donner 6 hectares supplémentaires pour l’extension du site de
Porto-Novo. C’est là que sera implanté le futur centre régional. Il pourra accueillir
jusqu’à 1 000 personnes, tous ces voisins africains qui viendront voir, apprendre pour
adapter la recette Songhaï à leur milieu et à leur climat. Recette miracle ? Plutôt
symbole d’une émancipation loin des modèles de copié-collé importés des pays du Nord. De
la créativité et du système D. «Dans chaque pays, ça va demander de l’engagement et de la
volonté politique dans un contexte de ressources limitées», dit Erick Abiassi, du
Programme des Nations unies pour le développement, à Cotonou. Le père Nzamujo le sait
bien. Il a résumé son expérience dans un livre, Quand l’Afrique relève la tête (2), mais
reste modeste : «Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour aboutir à la création
d’une nouvelle société africaine.»
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