Bonjour,
La recherche, notamment agronomique, a longtemps été (et est encore en
grande partie) le fait d'institutions publiques donc subventionnée par
les états (ou indirectement par des bailleurs de fonds extérieurs dans
le cadre de la coopération internationale). La tendance mondiale
actuelle est à une privatisation de celle-ci, notamment aux États Unis
et en Grande Bretagne, entre autres. L'actualité est riche des "dérives"
liées à cette tendance (la plus emblématique concerne les OGM). La
production quant à elle (sauf dans les pays communistes, de moins en
moins nombreux) a toujours été le fait de producteurs privés (le terme
privé fait souvent penser à une exploitation de grande taille mais le
plus petit producteur du monde est un opérateur privé) plus ou moins
"aidés" et "encadrés" par les états (exemples de la PAC en Europe et
du
système de subventions aux EU, des filières coton et riz irrigué dans
certains pays d'Afrique). Le développement d'une filière agricole à
partir de zéro dans un pays ne se décrète pas, sauf en temps de guerre
ou en cas de famine ou encore, et cela concerne l'Afrique, sous
l'emprise de la colonisation. Ce développement est le fruit d'un
processus associant de très nombreux acteurs dont le socle est constitué
par les producteurs et est soumis à un système complexe de régulations
(notamment le marché). Pourquoi en Afrique la production de café et de
cacao a-t-elle propulsé certains pays au rang des premiers producteurs
mondiaux bien après les indépendances avec, pour la plupart d'entre eux,
une production de type artisanal sans aide des états? Dans ce dernier
cas, la régulation des prix (caisses de stabilisation) a dans l'ensemble
plutôt échoué .... et la production continue de croître. Pourquoi la
pisciculture, apportée elle aussi par les colons au départ, n'a-t-elle
pas connu le même succès ou plus exactement n'a-t-elle connu aucun
succès? Les projets de développement de la pisciculture en Afrique
sub-saharienne ont été très nombreux entre 1970 et 2000, certains se
focalisant sur la mise en place de crédit aux producteurs. Le total des
subventions apporté à la mise en œuvre de ces projets est considérable.
Les analyses sur ce sujet sont fort nombreuses (et pondéralement plus
élevées que les tonnages de poissons produits! ..... j'en sais quelque
chose). Parmi les raisons de cet échec, le choix erroné des populations
cibles effectué par les concepteurs de projets semble ressortir.
Fallait-il, au nom de la lutte contre la pauvreté, cibler les
populations paysannes les plus démunies comme opérateurs directs de la
production piscicole? Je ne le pense pas. Aurait-on pu, dans le cadre de
programmes ambitieux d'aménagements piscicoles largement subventionnés,
à l'image de ce qui s'est fait pour les programmes d'aménagements
hydroagricoles de nombreux pays (cf. Soderiz en Côte d'Ivoire, Semry au
Cameroun, Onaha au Niger etc etc.), transformer certains pays en "gros"
producteurs de poissons de même qu'ils le sont devenus en riz? J'y
pensais très souvent lorsque je travaillais en Côte d'Ivoire et
imaginais les vallées irriguées en aval des (très) nombreuses retenues
couvertes d'étangs sur leurs flancs avec les rizières dans les bas-fonds
(au point d'imaginer la création d'une "Sodepisciculture"). Mais je ne
le pense pas non plus car la pisciculture n'est pas la riziculture et la
nature de l'activité et le marché du produit (le poisson) ne sont pas
ceux du riz.
Il ne me semble pas que la recherche ait "détourné" l'argent du
développement. Je pense par contre que les "frémissements" porteurs
d'espoirs que l'on constate actuellement en matière de développement de
la pisciculture en Afrique s'appuient tous sur les nombreux acquis de la
recherche en matière d'élevage d'espèces africaines, que ceux-ci aient
été obtenus en Afrique ou ailleurs. Une subvention en moins pour la
recherche qui serait en échange attribuée à un entrepreneur piscicole ne
résoudra pas le problème. Une lacune de la recherche a probablement été
de focaliser la recherche sur les sciences "dures" (sciences
biologiques) en marginalisant les sciences "molles" (sciences humaines
et sociales). Un virage s'amorce actuellement mais il demande à être
largement conforté dans le sens d'approches pluridisciplinaires.
Pour terminer, je pense qu'il faut éviter d'opposer recherche et
développement (production) et que l'un des rôles des états est
d'accompagner toutes les initiatives de développement de la pisciculture
par des politiques publiques diversifiées qui ne peuvent, me
semble-t-il, se résumer au seul crédit. Celle concernant la gouvernance
de la recherche en est une majeure.
Ces quelques idées sans prétention n'ont d'autre objectif que de
contribuer à un débat récurrent et même sans doute éternel!
Bien amicalement,
Jérôme Lazard
Le 03/11/2010 09:51, pierre nna-aboo a écrit :
Mr. SANDY, bonjour
Ce que vous dites est vrais mais pas suffisant. Le constat que je fais vient de
l'expérience que j'ai du Cameroun mon pays où j'ai servi pendent près de 25
ans d'abord comme Chef service de la Recherche appliquée ensuite comme Chargé
d'étude à la Direction des Pêches et enfin comme Sous Directeur de l'Aquaculture
et de la Recherche Appliquée en passant par Directeur d'une Station aquacole
d'État et je ne pense pas que grand chose a changé depuis 05 ans que je suis à la
retraite. La recherche absorbe d'importantes sommes d'argent en provenace surtout
des bailleurs de fonds étrangers, mais je n'ai pas de signe évident que ces mêmes
bailleurs ont le même engouement pour financer de grands projets de production piscicole.
On se contante de financer la recherche auprès de petites exploitation des ruraux
prétextant qu'on appui les pauvres. Je me pose donc souv
ent la question de savoir si un faible peut porter un autre. Personnellement j'ai
souvent tenté de solliciter des appuis ma
is on me propose toujours des montants dérisoires qui ne peuvent pas me permettre de
faire une bonne affaire. ma compétence dans ce domaine est confirmée je dispose de sites
favorables pour l'installation de grandes exploitations piscicole le marché est là car
à l'heure actuelle le Cameroun importe des tilapias congelés de Chine. C'est une
honte pour moi quand je sais les potentialités de mon pays pour le développement de
l'aquaculture. Je crois donc pour ma part qu'il n'y a pas de volonté.
Date: Mon, 25 Oct 2010 17:18:56 +0100
From:retoudysan@yahoo.fr
To:sarnissa-french-aquaculture@lists.stir.ac.uk
Subject: Re: [Sarnissa] Chercher pour aider les pisciculteurs à mieux produire!
Mr Sa Majesté merci pour les analyses mais je vous conseille ainsi que tout les
promoteurs de cette activité de faire au préalable un busI
ness plan qui prendra en compte les couts fixes et variables c' est un guide
économique de rentabilité financière et économique avant d' investir .
Sandy
--- En date de : Dim 24.10.10, pierre nna-aboo<nnapierre2010(a)hotmail.fr> a écrit
:
De: pierre nna-aboo<nnapierre2010(a)hotmail.fr>
Objet: Re: [Sarnissa] Chercher pour aider les pisciculteurs à mieux produire!
À: "sarnissa"<sarnissa-french-aquaculture(a)lists.stir.ac.uk>
Date: Dimanche 24 octobre 2010, 16h28
Victor, bonjour
Je crois simplement que la solution au problèmes que vous poser existe du fait qu'il
n'est pas facile pour un promoteur de trouver des financements suffisants pour mettre
en place des infrastructures adéquates de production piscicole. Il faudraiut à mon avis
que les Etats mettent en place des mécanismes de financement de l'aquaculture par les
banques et que les études de ces dossiers associent les Chercheurs et les spécialistes de
la vulgarisation piscicole. En effet malgré de nombreux résultats de recherche les banques
ne donnent aucun crédit à la rentabilité de la pisciculture. Par ailleurs la recherche
menée dans nos pays s'appuie sur les pauvres sans pour autant leur donner une fois l e
projet à terme les moyens suffisants pour continuer leurs propres projets. On se retrouve
ainsi dans un cercle vicieux où beaucoup d'argent est dépensé pour mener des
recherches
et pendent la durée du projet on croit avoir convaincu les pisciculteurs
mais hélas dès que les chercheurs se retirent les gents abandonnent progressivement
toutes les exploitations.
salutations distinguées,
Sa Majesté Pierre NNA ABO'O
Fonctionnaire retraité
Date: Tue, 19 Oct 2010 13:19:27 +0100
From:pouomognev@yahoo.fr
To:sarnissa-french-aquaculture@lists.stir.ac.uk
Subject: [Sarnissa] Chercher pour aider les pisciculteurs à mieux produire!
Salut à tous,
Plusieurs bailleurs de fonds et décideurs politiques en Afrique montrent
souvent peu d’empressement à appuyer la recherche en pisciculture / pêches,
arguant que bien d’informations techniques déjà disponibles restent encore dans
les tiroirs, ou alors que les thèmes abordés par certains chercheurs ne
répondent pas du tout aux besoins des utilisateurs.
Les approches participatives ou en partenariat ont ainsi été développées, et ont
permis d’accroître le taux d’adoption des innovations ; cependant, le coût de
mise en œuvre de ces approches reste élevé, et les budgets plutôt restreints des
Etats Africains relativement aux nombreuses sollicitations ne permettent guère
d’envisager d’étendre ces approche à l’échelle nationale.
Selon vous, comment (i) améliorer l’accès des résultats de la recherche aux
utilisateurs, et partant (ii) attirer et gagner davantage de fonds pour la
recherche appliquée.
Cordialement,
Victor
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