Thank you Josh for this most informative paper giving an example of disastrous planning that comes right in the middle of a Sarnissa’s discussion about planning. The World Bank and other funding agencies and FAO and others have in common not to be constrained to question themselves about their working methods because they have the money and of course the power. It lasts since more than 50 years and no indicator suggests that it could change ……. and anyway not at the occasion of Kandadji dam!!

Jérôme Lazard

 

Merci Josh pour ce document très intéressant fournissant un exemple de planification désastreuse qui arrive au beau milieu d’une discussion de Sarnissa sur la planification. La Banque Mondiale et autres bailleurs de fonds et la FAO et autres institutions internationales ont en commun de ne pas être contraintes de se livrer à l’exercice de l’auto-évaluation car elles ont l’argent et donc le pouvoir. Cela dure depuis plus de 50 ans et aucun indicateur ne permet de penser que cela pourrait changer …… et en tous cas pas à l’occasion du barrage de Kandadji !!

Jérôme Lazard

 

De : Sarnissa-french-aquaculture [mailto:sarnissa-french-aquaculture-bounces@lists.stir.ac.uk] De la part de Josh Klemm
Envoyé : jeudi 18 février 2016 21:49
À : Dialoguebarrages@lists.dialoguebarrages.net
Objet : [Sarnissa] [Dialoguebarrages] Le barrage de Kandadji, un projet de la Banque mondiale, laisse les communautés nigériennes à sec

 

Chers collègues,

Veuillez trouver ci-dessous un article que j'ai écrit à propos du barrage de Kandadji au Niger.

Meilleures salutations,

Josh

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Josh Klemm
Policy Director
International Rivers

Tel: + 1 202 492 8904
Skype: klemmjd
Twitter: @JoshKlemm



http://intlrv.rs/1Q44xfH


Le barrage de Kandadji, un projet de la Banque mondiale, laisse les communautés nigériennes à sec
3 fevrier 2016
par Josh Klemm, International Rivers

En 2012, la Banque mondiale a approuvé un prêt de $203 millions pour la construction du barrage de Kandadji, au Niger. Cela a permis à une douzaine de financiers de compléter le paquet financier de $785 millions pour ce projet, qui sera situé sur le fleuve Niger. Les retards de construction suite à un conflit avec la société engagée pour développer le projet et les problèmes liés à la réinstallation des personnes affectés, fait du Kandadji un projet à un avenir incertain.

Kandadji n’est pas n’importe quel projet; Kandadji a été présenté tel qu’un projet qui produira 130 MW d'énergie nécessaire pour la capitale, Niamey, et aussi d'exploiter le débit de la rivière qui permettra d'élargir le potentiel d'irrigation du Niger. Le vice-président pour l’Afrique de la Banque mondiale, Makhtar Diop, a décrit le projet comme « un projet de développement transformationnel qui offrira un nombre considérablement plus important d’opportunités aux communautés, plus de nourriture, d’eau et d’électricité, et qui réduira la pauvreté dans la région la plus pauvre de l’Afrique ».

La Banque mondiale a également pris soin de planifier le coût humain de la construction du barrage. Conscient de l'héritage troublé des impacts que tels projets ont sur les communautés déplacées, la Banque mondiale a entrepris la tâche herculéenne de superviser le processus de réinstallation de plus de 38.000 personnes situées aux alentours des rives fertiles du fleuve. Le paquet de compensation comprendrait, la réinstallation des agriculteurs traditionnels dans des nouvelles maisons, offrir l’accès à l’irrigation, et le partage des revenus pour les projets de développement local.

Le processus a commencé en 2012 avec la réinstallation d’une première vague, d’à peu près 5500 personnes. Au début, beaucoup étaient optimistes quant aux avantages promis relatifs au projet, mais cet enthousiasme fut de courte durée. Alors que certains ont vu leurs conditions de vie s’améliorer, les plans d'irrigation des communautés réinstallées ont été mal conçus - sans surprise, la Banque mondiale elle-même a noté que ce genre de système d'irrigation fonctionne rarement en Afrique. La Banque mondiale a reconnu les difficultés du processus de réinstallation, en notant que « la délocalisation en cours pour la première vague reste considérablement retardée, et nécessitera d'importantes mesures d'amélioration ».

Entretemps, de nombreuses communautés déplacées ont du mal à accéder à l’eau potable, ainsi indiqué dans un nouveau documentaire du processus de réinstallation. Dans ce documentaire, Haoua Harouna, dans la communauté d'accueil de Gabou, dit: « Cela me fait trois jours que je cherche de l’eau, en vain. J’ai soif. Je n’ai pas trouvé à boire. Mes amis non plus. L’eau est insuffisante pour la population. Ce problème dure depuis longtemps, et même dans les villages voisins où nous nous approvisionnions avant, l’eau est devenue de plus en plus salée. Elle est imbuvable ».

La première vague de réinstallation était prévue comme un essai pour un groupe plus large de 33.000 personnes qui attendent leur tour, une fois la construction du barrage commencée. Remplies d’anxiété, ces communautés attendent d’être déplacées, comme retracée dans le documentaire. « Nous avons vu ce qui s’est passé pendant la première vague. Il y a eu beaucoup des fautes commises lors de la première vague. Nous ne voulons pas que ces mêmes fautes se répètent avec nous. Déplacer une population sans eau. Déplacer une population sans infrastructure. Tout ça ce sont des choses que nous ne voulons pas voir se répéter chez nous », dit Mohamed El Bachir, le chef de canton d’Ayorou, d’où la population devrait être déplacée. « Nous ne savons toujours vers où nous serons déplacés ».

Il n’est pas le seul. Des rapports informels ont soulevé des inquiétudes qu'il n'y a pas suffisamment de terres pour réinstaller les 33.000 personnes restantes, et que toutes les bonnes terres de la région ont été distribuées au cours de la première vague. Selon certaines sources, le consultant qui aurait préparé le rapport de faisabilité ne s’est jamais assuré que les terres arables mises à part par le gouvernement seraient suffisantes. Ce serait un coup dur pour ces communautés qui, depuis plusieurs années ont mis leur vie en suspens, en attente de la réinstallation. Ce serait aussi une violation majeure de la politique de la Banque mondiale, et compromettrait les efforts déployés récemment par la Banque pour remédier les défaillances systémiques dans le traitement de la réinstallation. En fin de compte, on ne sait pas où ces communautés iraient, par contre il est très probable qu’ils finissent dans les bidonvilles de Niamey.

Les problèmes de réinstallation à Kandadji ont été aggravés par une série de défis opérationnels qui ont mis en doute l’avenir du projet. Il y a eu des retards dans l'identification d'une nouvelle entreprise pour construire le barrage après que le gouvernement ait annulé le contrat avec le promoteur russe, car ce dernier n'a pas respecté ses engagements. En même temps, l’impatience des bailleurs de fonds se fait sentir, dont les prêts restent non décaissés.

Face aux échecs persistants du gouvernement à atteindre les étapes clés en matière de réinstallation, et en plein examen rigoureux du bilan de réinstallation de la Banque mondiale, cette dernière explore l’option de se retirer. Qu'est-ce que cela signifiera pour l'avenir du projet, et même si d'autres suivent l'exemple de la Banque, tout cela n’est pas clair. Dans tous les cas, le retrait serait une maigre consolation pour les dizaines de milliers de nigériens dont les vies ont été perturbés.

Entre-temps, la Banque mondiale soutient la préparation du barrage de Fomi en Guinée près des cours supérieurs du Niger, plus de 2000 km en amont de Kandadji. Cela va exiger qu’environ 50.000 personnes soient déplacées du site, avec plus d'un million de personnes qui seront touchées par le barrage en aval au Mali. Fomi ferait face au même ou plus grands défis que Kandadji.

Quoi qu’il en soit, la Banque mondiale semble incapable d'apprendre de ses leçons durement apprises, et pour toutes les innovations de la Banque, les communautés affectées par les barrages se retrouvent habituellement dans des situations pires. Kandadji, un autre modèle de barrage de la Banque mondiale devient de plus en plus moins attrayant.